A table ! (Terminé)

Ronwe reçut les vêtements en pleine figure. Il les enfila : d'abord le t-shirt qui était un peu trop serré à cause de son gabarit. Mais il pouvait se réchauffer, c'était ce qui comptait. Ensuite, il mit le pull qui était bien chaud.
Il marchait à côté de ses deux nouvelles camarades. Bien qu'ils avaient eu des confrontations plus ou moins envenimées, il se sentait bien. L'ange avait proposé la Grande Place, mais la rousse était déjà partie en direction de la cafétéria
avant d'entendre la proposition. Le choix était donc déjà fait. Regardant par dessus la rambarde des escaliers, il remarqua la chevelure de feu filer sans s’arrêter. Apparemment, tous avaient autant faim les uns que les autres. Le ventre du démon ne cessait de gargouiller et il espérait qu'Al ne le remarquerait pas trop.

Ils arrivèrent au réfectoire dont les couleurs chaudes donnaient un air convivial. Ronwe ne fit pas vraiment attention aux personnes ou au décor, car dès qu'il entra, il sentit une vague d'odeurs l'assaillir ! De la nourriture !!!!!
Il bouscula quelques élèves dont la fée faisait partie, prit un plateau et des couverts, puis courut le long du circuit de la salle. Les entrées lui donnaient l'eau à la bouche et il aurait certainement pris deux ou trois doses. Peut-être pouvait il négocier avec l'une des deux demoiselles qui l'accompagnait.
Il opta pour une double assiette saucisson-salade, puis se dirigea vers les plats chauds. Quel bonheur, il y avait tellement de choix ! Le cuisinier esquissa un large sourire lorsqu'il remarqua l’intérêt que l’élève portait à son repas. Il lui donna alors double ration, ce qui ravit le jeune homme, qui avait les yeux qui brillaient de bonheur à l'idée engloutir tout cela.

Il prit son plateau sous le bras, et s'assit sur la première table qu'il vit. C'étaient de belles tables en chêne massif, six chaises étaient calées contre. On aurait pu s'y attablé à au moins dix et s'asseoir à deux par chaises vue leur largeur. Elles étaient magnifiquement confortables, avec une hauteur parfaite. Même en étant grand, on y pouvait y poser la tête. Il y avait aussi des accoudoirs de chaque coté. Assis dedans, on s'imaginait sur un trône de roi. Regardant vaguement si ses deux partenaires l'avaient suivi, il ne put résister de commencer sans elles. Et il se lança à grandes cueillérées dans son assiette.

La jolie petite ange se nommait donc Al-Wi. Un nom plutôt original et facile à retenir. La pixie était surprise que sa nouvelle camarade ait raconté si aisément son passé. C'était courageux de sa part, d'autant plus que cela avait dû être difficile pour elle. La rousse se rendit compte qu'elle était loin d'être capable de raconter sa vie. Non seulement elle cachait aux autres ses pouvoirs, mais il en allait de même pour son enfance. Il était inutile d'apporter aux autres une raison de se moquer ou de la prendre en pitié. Elle n'était pas là pour ça et il était inutile de se lamenter sur ce qui appartenait à autrefois. Il fallait qu'elle aille de l'avant. Avoir pu utiliser son talent curatif avait été une sorte de libération : jamais elle n'aurait cru pouvoir déverser autant de magie. Le démon allait beaucoup mieux, quant à Al, elle avait gagné de précieux jours de rétablissement. Finalement, elle n'était peut-être pas si inutile que ça ; sa famille serait sans doute surprise.
Hélas, elle n'avait pas entendu la suite de la conversation, car une fois les affaires lancées au garçon, elle avait filé vers le rez-de-chaussé. Retrouver le tableau indiquant le chemin ne fut pas difficile pour elle. Lorsqu'elle vit ses deux compagnons à ses talons, elle reprit sa chemin, se fiant aux écriteaux, ainsi qu'à son odorat. En effet, la fragrance de bons plats chauds se faisait de plus en plus forte.

Ils finirent par arriver au réfectoire où plusieurs élèves faisaient la queue. La salle resplendissait de convivialité de part les diverses discussions que l'on pouvait entendre et de part l'ameublement. Globalement, les teintes étaient le rouge, l'orange ou le jaune : des couleurs chaleureuses. La pièce comportait plusieurs tables allant de six à dix places. On retrouvait du vermeil sur les chaises faites de bois et de métal, qui d'après l'aisance de certains étudiants, étaient fort confortables. Autour d'eux, on discernait des décorations murales, des posters personnalisés, ou bien des tableaux représentant des paysages sublimes. L'un des allogènes de la cafétéria clignotait, néanmoins cela serait sans doute réparé le lendemain, car pour l'heure, la faim avait conduit de nombreux pensionnaires ! Par ailleurs, on pouvait remarquer que les poubelles et les dépose-plateaux étaient déjà à moitié remplis.
Le jeune homme se rua sur la nourriture, comme s'il n'avait pas mangé depuis des siècles. On aurait cru Obélix, en largement moins gros, mais tout aussi gourmand. La fée passa derrière le démon et fit bien attention à ce que le chérubin soit bien avec elle. Elle y veilla personnellement en cela préparant un plateau avec verre et couverts pour elle comme pour son amie. Si un inconnu avait osé passer devant Al, la rouquine n'aurait pas été commode. C'est justement ce qui arriva. Un étudiant essaya de les dépasser alors que ce n'était pas son tour, puis recula quand il croisa son regard acerbe. Afin de ne pas faire d'histoires, il se plaça alors après le bel angelot.

« Waouh, il y a plein de choix, regarde Al-Wi ! » déclara-t-elle comme si de rien était.

Elle ne savait pas si sa camarade avait retenu son nom, toutefois elle n'hésiterait pas à le lui dire si on le lui redemandait. Après hésitation, elle opta pour une salade crudités avec des crevettes en entrée, pour un plat de frittes poulet en plat principal, puis pour une coupe de fruits en dessert. Comme beaucoup d'adolescents, elle était une grande adepte des pommes de terre grillées. Après avoir terminé de prendre ce qui lui convenait, elle chercha le démon des yeux. Celui-ci s'était déjà installé et vidait déjà son assiette.

« Et bien, il devait avoir sacrément faim... »

D'un pas léger, elle alla se poser à leur table. Ils allaient avoir une table rien que pour eux, c'était plutôt génial. Ainsi, ils auraient le loisir de faire plus ample connaissance, voire de calmer certaines querelles. Elle attendit que tout le monde s'installe avant de commencer à manger.

Ils finirent par arriver au réfectoire où plusieurs élèves faisaient la queue. La salle resplendissait de convivialité de part les diverses discussions que l'on pouvait entendre et de part l'ameublement. Globalement, les teintes étaient le rouge, l'orange ou le jaune : des couleurs chaleureuses. La pièce comportait plusieurs tables allant de six à dix places. On retrouvait du vermeil sur les chaises faites de bois et de métal, qui d'après l'aisance de certains étudiants, étaient fort confortables. Autour d'eux, on discernait des décorations murales, des posters personnalisés, ou bien des tableaux représentant des paysages sublimes. L'un des allogènes de la cafétéria clignotait, néanmoins cela serait sans doute réparé le lendemain, car pour l'heure, la faim avait conduit de nombreux pensionnaires ! Par ailleurs, on pouvait remarquer que les poubelles et les dépose-plateaux étaient déjà à moitié remplis.
Le jeune homme se rua sur la nourriture, comme s'il n'avait pas mangé depuis des siècles. On aurait cru Obélix, en largement moins gros, mais tout aussi gourmand. La fée passa derrière le démon et fit bien attention à ce que le chérubin soit bien avec elle. Elle y veilla personnellement en cela préparant un plateau avec verre et couverts pour elle comme pour son amie. Si un inconnu avait osé passer devant Al, la rouquine n'aurait pas été commode. C'est justement ce qui arriva. Un étudiant essaya de les dépasser alors que ce n'était pas son tour, puis recula quand il croisa son regard acerbe. Afin de ne pas faire d'histoires, il se plaça alors après le bel angelot.

- Wahou! Il y a plein de choix regarde Al-Wi! déclara-t-elle.
-Je vois ça! Miam! Regarde! Des légumes bouillis! Et des cuisses de grenouilles! (héhé je suis bien française moi!)

Après hésitation, elle opta pour une salade crudités avec des crevettes en entrée, pour un plat de frittes poulet en plat principal, puis pour une coupe de fruits en dessert. Comme beaucoup d'adolescents, elle était une grande adepte des pommes de terre grillées. Après avoir terminé de prendre ce qui lui convenait, elle chercha le démon des yeux. Celui-ci s'était déjà installé et vidait déjà son assiette.

« Et bien, il devait avoir sacrément faim... »


En effet, elles arrivèrent près de la table et commencèrent à manger alors que le démona vait presque terminé. Elle ne savait pas exactement ce qui c'était passé avec l'étudiant. Mais elle se retint de poser la question. Cela ne se faisait pas. De plus, elle avait trop faim pour parler. Elle englouti son assiette en rien de temps. Quand elle eut fini elle explosa de rire, dieu ne sait pourquoi. Elle était très amusée. Pourquoi? Elle n'en avait aucune idée. Mais elle ne put retenir son rire bien longtemps. Quelque secondes plus tard elle explosa d'un rire tellement sonore... que le bruit du refectoire devint bientôt inexistant. Puis d'un coup, tous éxplosèrent d'un rire différent. La jeune ange était très en colère. Peu de gens connaissaient Al-Xi la "terreur" comme on l'appelait souvent. La seule dont elle avait envie, c'était de montrer à tout le monde que sous ses airs de petites fille pourrie gatée, se trouvait une véritable terreur. Il ne fallait pas l'embêter. Ses ailes devinret noires, ce qui réduisa tout le monde au silence. Alors elle alla chercher le dessert qu'elle n'avait pas pris auparavent. Quand elle avança vers les desserts, tout les étudiants de la queue lui cédèrent la place. Elle opta pour une crème vanille chocolat violette. Quand elle y gouta, ses ailes redevinrent blanches, et son visage s'adoucit. Elle était plus que ravit.

Le jeune homme mangeait comme un malpropre, il n'avait pas levé la tête de son assiette jusqu'à ce qu'elle soit terminée. Après cela, il se redressa et laissa échapper un petit rot. Il avait bien mangé et son ventre le ballonnait. Pas étonnant après trois assiettes qui débordaient. Puis il entendit l'ange exploser de rire, il pensait qu'elle se moquait de lui pour son rot. Mais toute la salle suivit les ricanements. Alors, elle entra comme dans une transe : elle transpirait la rage et ses ailes avaient changé de couleur pour devenir noirâtres. Ronwe se demanda si elle n'était pas plutôt une espèce d'hybride démon/ange pour pouvoir virer au noir comme ça. Cela l'intriguait beaucoup. Après ceci, la salle devint silencieuse et l'ange partit prendre un dessert. La scène où le chérubin avait explosé de colère avait stupéfait le pensionnaire qui s'adressa à elle lorsqu'elle fut revenue.

«Il faut que tu arrêtes de sniffer de la moutarde, hein. Ca te rend un peu folle, parfois. Tu fais de vilaines grimaces quand tu t'énerves.»

Il disait cela pour la taquiner, mais avec une touche sarcastique. Avec le silence qui régnait dans la salle, Ronwe entendit une phrase d'une table avoisinante à peine quelques mètres.

«Ca doit être une croisée pour pouvoir faire cela. Encore une sa***rie avec des pseudo-démons. Je les brûlerais tous ces satanées 'ailes noires'.»

Il y avait quatre personnes autour de cette table. Le jeune homme se leva, étendit ses ailes noires pour bien les montrer au groupe. Il avançait sur eux à petite vitesse, droitement, fièrement, on aurait presque dit qu'il se pavanait devant eux. Ses yeux ne trahissaient aucune colère, ils étaient froids et impassibles, plongés dans le regard de celui qui avait osé dire cette immondice. Arrivé devant leur table, les quatre garçons se levèrent pour faire face à Ronwe, et petit à petit l’entourèrent. Ils faisaient pâle figure à coté du démon. Il les dépassait d'une bonne tête de hauteur, et de largeur d'épaules. Il prit le temps de les dévisager brièvement de droite à gauche. Le premier était un grand assez baraqué, un nez crochu, l'air mauvais avec une barbe mal rasée. Le deuxième était un petit trapu, avec des oreilles décollées et des lunettes, une chemise à carreau ignoble et un jean troué. Le troisième, qui paraissait être leur chef mais surtout celui qui avait dit la phrase, était un mec tout habillé de noir, avec des pics dans les cheveux, une cicatrice sur la joue. Et le dernier était un roux avec des taches de rousseur et un peu de bedaine.

Bien qu'ils soient en surnombre, les fauteurs de trouble ne se sentaient pas pour autant en sécurité. Ils pouvaient sentir la grande expérience de combat du diablotin, on voyait presque son aura démoniaque émaner autour de lui. Ronwe eut un sourire sadique, prit par son énorme main droite les cheveux de leur chef et alla lui planter violemment la tête dans son assiette ! Puis, il poursuivit sa vengeance sur le petit trapu. Lui fonçant dessus l'épaule en avant, il lui enfonça dans le ventre et se releva. Le petit étudiant se retrouva porté comme un vulgaire sac de patates. Tenant sa ceinture avec sa main droite, le démon prit de l'élan. Il le balança le plus loin possible, il finit son vol plané en plein dans les assiettes de la l'ange et de la fée qui finissaient de manger paisiblement.

Après cette énorme débauche d’énergie pour propulser l'homme, Ronwe subit soudainement le contre coup de ses blessures qui l'avaient conduit à l’infirmerie. Il ne pouvait plus bouger son épaule droite et certaines de ses coupures se ré-ouvrirent pour la deuxième ou troisième fois depuis ce matin. Il pensa que cette journée était bien longue et pleine de rebondissements depuis son évanouissement matinal, et arriva à regretter de s'être levé du lit, au lieu de se reposer tranquillement. Mais pas le temps de trop rêvasser, il avait encore deux adversaires prêts à lui bondir dessus, et les deux autres n'allaient pas tarder non plus à se relever. Avec son épaule endolorie et ses plaies béantes, il y allait avoir un pépin côté physique. Il commença à avoir un mauvais pressentiment sur la suite.

Les cuisses de grenouille étaient sans doute l'un des plats auxquels la pensionnaire n'aurait jamais voulu goûter. Non pas que cela l'impressionnait ou la répugnait, ce met ne lui faisait simplement pas envie. Il en fallait pour tous les goûts et cela semblait convenir à Al-Wi. Le repas fut rapide pour ses deux compagnons qui se ruèrent sur leur assiette à grandes fourchetées. Assourdie, les couverts de la fée faillirent tomber de ses mains. Elle cligna des yeux, se demandant l'heure de leur dernier repas. Contrairement à eux, elle était un véritable escargot ! Sa famille lui avait toujours appris à bien se comporter en société : dos droit, le couteau ne touchant pas la table, petites bouchées, salade mise en boule et non coupée, … Elle se souvint avoir mis longtemps avant de devenir une jeune fille modèle. Les midis, loin de ses proches, cela ne l'avait pas empêchée de manger salement avec ses amis.
Lorsque l'ange s'énerva, Saéba demeura de marbre. Elle ne devait pas s'énerver pour si peu, les ignorer aurait été bien suffisant. Tel un ange déchu, les ailes du chérubin avaient viré à l'ébène. Son visage changea également, comme si elle n'avait laissé place qu'à la colère. Son lunatisme était tel que chaque individu n'osa faire mouche. Grâce à son regard sinistre, le petit angelot, de coutume si timide, faisait régner la crainte. Les étudiants s'écartaient pour la laisser passer, telle une reine des ténèbres. L'ambiance chaotique s'évapora aussi vite qu'elle était apparue. L'ange pouvait-elle manipuler les émotions fortes ?

«Il faut que tu arrêtes de sniffer de la moutarde, hein. Ca te rend un peu folle, parfois. Tu fais de vilaines grimaces quand tu t'énerves.» affirma Ronwe.

C'était osé, mais elle commençait à connaître le franc parlé du garçon. Qu'importe les réactions, celui-ci agissait selon ses envies. Il n'avait pas apprécié qu'elle l'eut frappé, il s'était vengé. Si cela ne lui attirait pas trop de dangers, il avait un certain mérite. La pixie ne préféra pas donner son avis sur la démonstration de colère à laquelle elle avait assisté. Ce comportement était totalement l'opposé du sien, elle ne le saisissait donc pas. Par contre, elle comprit les propos qui la révulsèrent. Elle leva la tête et remarqua le démon se diriger vers les responsables. Pourquoi s'était-elle doutée que les événements allaient mal tourner ? Peut-être parce qu'elle le vit attraper la tignasse d'un jeune rebelle vêtu de noir pour l'écraser dans son assiette ? A moins que ce soit parce que l'un des élèves avait atterri dans le plat qu'elle avait à peine touché ?

« Bon sang, les hommes, tous les mêmes dès qu'il s'agit de se battre. »

De sa main droite, elle repoussa le visage de l'inconnu qui baignait dans l'huile du poulet. Des frittes plein les cheveux, il se redressa péniblement après avoir scruté les deux demoiselles. Il ne tint pas compte de leur présence, préférant retourner se venger du diablotin. Après avoir redressé ses manches, il commença à se diriger vers son rival. Saéba soupira, ne préférant pas voir l'état d'Al-Wi : avec tout ce raffut, elle devait être de nouveau dans une colère noire... Et elle ne voulait pas se trouver au milieu. La joue au creux de sa paume, l'air désespéré, elle piqua dans un morceau de pomme qui commençait à tomber de la table. Son plateau repas était à moitié par terre, elle n'avait quasiment rien mangé. La moue boudeuse, elle fit tournoyer le couvert sur lui-même, comme le font les élèves avec les crayons durant les cours où ils s'ennuient.

« Je sens que les ennuis ne font que commencer. Bon... Je suppose que la directrice ne pourra pas punir tout le réfectoire... Pfff, dans quoi me suis-je donc engagée ?... » marmonna-t-elle en reposant la fourchette.

D'un bond, elle se leva. Elle attrapa celui qui était tombé devant elle quelques instants plus tôt et lui décrocha une belle droite en pleine figure. Sa main lui fit légèrement mal, elle n'était pas habituée à utiliser sa force de cette manière. D'ailleurs, elle savait que s'il n'avait pas été surpris, il n'aurait jamais pris de coup. Le nez ensanglanté, le blessé pesta contre cette nouvelle intervenante. Il l'attrapa par le poignet avec brutalité, provoquant une grimace de la part de la rouquine, puis la jeta sur une rangée de chaises. La douleur fut atroce. La rouquine poussa un cri strident, la main essayant de soutenir son dos. Elle aurait des bleus et des plaies qu'elle ne pourrait pas soigner avant demain. Ca allait prendre du temps, car il était encore plus difficile de se rétablir soi-même. Certes, elle l'avait cherché en poursuivant la bataille, néanmoins elle ne pensait pas qu'elle se ferait mal si vite.
Le responsable de sa chute croisa les bras, satisfait de l'avoir entendu hurler. D'après le large sourire qui se dessinait sur ses lèvres, il était content d'avoir violenté une femme. Avant qu'elle ait pu réagir ou se débattre, il l'aida à se relever en l'empoignant par les cheveux. Ce lâche utilisait ses points faibles et ne semblait pas en avoir terminé avec elle. Saéba se demanda si Al' n'avait pas été attaquée par l'un de ces quatre abrutis. Elle espérait qu'elle allait bien. Le petit trapu rapprocha son visage du sien. Il puait tellement la cigarette mouillée, que c'en était aussi abominable que la douleur.

« Alors chérie, on est du côté des ''ailes noires'' ? Si tu veux, je peux arracher les tiennes. Ce ne sera pas la même couleur, mais dans la nuit, on ne fera pas grande différence. »
« Lâchez-moi... (Sa voix était presque suppliante, il tirait sa chevelure avec hargne.) C'est le fait d'être un pauvre idiot qui vous rend si agressif ? »

L'opposant éclata de rire. Ce qu'elle disait ne l’atteignait pas. Il la tenait et il ne la lâcherait que lorsqu'il en aurait envie. Il l'amena à lui, passa le bras autour de son cou et appuya doucement afin de lui couper le souffle. Alors qu'elle luttait, la pixie sentit que le petit trapu profitait de son manque de force pour tâter sa poitrine. Plus elle se débattait, plus il esquissait un large sourire en savourant ce qu'il avait entre les mains. Elle sentit avec horreur la frustration de cet étranger aux oreilles décollées et à la chemise à carreaux ignoble. Cela la fit frémir et la répugnait. Alors qu'elle commençait à paniquer, elle donna un violent coup de pied en arrière. Son talon toucha l'entre jambe de son ravisseur et elle se rua sous une table. Elle ne voulait plus sortir de sa cachette, malheureusement, elle poussa un cri en voyant son adversaire se baisser pour essayer de lui attraper la cheville. Autour d'eux, le réfectoire était en ébullition.

(Perverse!)
-Il faut que tu arrête de sniffer la moutarde hein. Ça te rend un peu folle,parfois. Tu fais de vilaine grimace quand tu t'énerves. affirma Ronwe.

Elle voulait répondre mais en regardant son regard la haine s'en alla aussitôt.
-Ça doit être une croisée pour pouvoir faire cela. Encore une sa***rie avec des pseudo-démons. Je les brûlerais tous ces satanées 'ailes noires'.

Quand elle entendit ça, elle failli perdre ses moyens. Alors, elle se jeta sur le bonhomme. Son saut était tel que la salle poussa un "Wahou!" Mais il était trop tard. Elle s'écrasa contre la table. Elle poussa un petit cri de douleur mais se releva aussitôt pour découvrir que ses deux camarades était en danger. Elle poussa un deuxième cri. Un cri de dégout cette fois. Elle ne savait lequel aider. Le démon était blessé mais ce que subissait la fée était horrible. Elle hésita mais très vite elle sauta vers l'adversaire le plus proche. La salle était époustouflée. Plus personne ne savait quoi dire. Les hommes étaient pour la plupart avec le quand ennemi. Les femmes, elles, étaient plus avec leur groupe. L'endroit ou elle atterri était la tête d'un des adversaires. Celui ci tomba sous le poids de l'ange. Non pas qu'elle soit grosse! Non, mais l'homme était tellement surpris qu'il tomba. Elle adressa un sourire au démon et repartit vers la table ou elle avait manger quelques minutes auparavant. La scène à laquelle elle assista était pour le moins atroce. Comment quelqu'un pouvait abuser des atouts féminin? Elle se rua sous la table qui fut éjectée par la force de l'angelot. La salle retint un cri. Elle ne pouvait pas contrôler sa colère. Il valait mieux ne pas être sur son chemin. Elle donna un coup dans le ventre de l'adversaire. Si elle ne contrôlait pas sa colère, lui ne contrôlait plus son souffle. Elle dit à son amie:
-Allons aider Ronwe!

Mais à cette phrase, quelqu'un surgit par derrière et lui donna un coup si violent qu'elle fut projetée sur un des adversaires de Ronwe. Bien qu'elle avait mal, elle avait aidé son ami. Elle rigola et s'attaqua aux autres. Elle avait en quelque sorte', vaincu sa timidité.

Le combat se poursuivit pour les jeunes gens. Le poing frottant les corps et la tête de ses adversaires, Ronwe s'amusait à donner des petits coups d'éclairs pour tétaniser certains de leurs muscles, les empêchant temporairement de les utiliser. L'ange se battait comme une dingue, cela lui rappela les Super Saiyen issus de Dragon Ball Z. Ces derniers pouvaient changer de forme afin d'améliorer leurs capacités, puis exploser tout ce qu'ils voulaient juste en le regardant. Il en termina enfin avec l'une de ses cibles par un coup de pied retourné. Sa pauvre victime s'écrasa un peu plus loin, contre l'une des poubelles, tandis que les plateaux qui se trouvaient dessus virent l’assommer. Quand tout à coup, un élève arriva en courant au milieu de toutes ces batailles. Il cria si fort que sa voix couvrit le raffut :

« Hé les gars, bougez-vous, certains ont appelé les CPE et la dirlo. Ca va chauffer sec ! Vaudrait mieux pas traîner ici !»

Le démon ne craignait pas les punitions, toutefois il était fatigué et préférait aller se reposer, plutôt que de subir les habituels discours concernant la paix et le bon comportement à adopter. Alors le choix fut vite fait. Il balaya le réfectoire du regard. Tout le monde avait fait un sacré désordre. Il remarqua la fée qui était toujours recroquevillée prés de la table. Il alla vers elle, lui prit la main et l’emmena vers la sortie. Juste avant l'ultime porte, il se retourna.

«Viens Al, on bouge et vite !»


Il entendit derrière eux l'un des quatre adversaires les avertir, suivies d'injures :

«C'est ça, fuyez. On vous retrouvera tous les trois et vous verrez, on vous....!» les menaça-t-il.

Les trois camarades ailés s’échappèrent sans se soucier de lui et ne le laissèrent même pas finir sa phrase. Ils avancèrent jusqu'à être sous les rayons de la lune. Celle-ci était voilée par divers nuages sombres. Ils s’arrêtèrent dans l'une des nombreuses cours de l'académie, essoufflés et certains d'avoir échappé à un long discours qui les aurait sûrement ennuyé. Au moins, en prenant la fuite, ils espéraient avoir esquivé aux avertissements de conduite.
Ronwe lâcha la main de Saéba, s’écarta d'elle d'un petit mètre et prit une grande inspiration d'air pur. Cela lui donnait l'envie de s'évader, de passer la nuit dehors au bort d'un feu avec un bon lapin grillé à la broche.

La tournure que prenaient les événements était chaotique. Les étudiants présents dans le réfectoire n'avaient pas tardé à en venir aux mains, eux aussi. Si par malheur il y avait des caméras dans la salle, chaque élève ayant participé à cette tumulte allait gagner un billet direction ''bureau de la directrice''. Les sanctions seraient sans doute très lourdes, mais beaucoup des jeunes gens s'en moquaient éperdument. Pour l'heure, la bataille générale les occupait. Souvent, on apercevait des rafales magiques voler d'un coin à un autre. Le sol était couvert de saletés et la nourriture avait été gâchée. N'importe quelle personne de censée aurait trouvé cela intolérable.
Recroquevillée sur elle-même, Saéba leva timidement la tête vers Al-Wi qui avait renversé la table et avait donné une bonne leçon à cet idiot malsain. Elle se battait sacrément bien, il ne valait mieux pas l'avoir contre elle ! La pixie se sentait totalement ''humaine'' à côté du beau chérubin. En quelques minutes, elle s'était retrouvée à son désavantage et n'avait eu d'autre choix que de se réfugier sous un meuble... Pathétique... Elle était entourée d'un ange surpuissant et d'un démon à la force monstrueuse, et tout ce qu'elle savait faire, c'était se faire malmener. Serrant ses jambes contre sa poitrine, elle pesta contre sa propre faiblesse. La honte la laissa dans un silence de marbre. Le courage de se relever pour essayer de faire honneur à sa race était aux abonnés absents. Ses camarades valaient cent fois une petite fée comme elle. Alors elle demeura là, en plein milieu de la cantine, laissant le bruit du combat bercer son chagrin.

Une main la tira de sa léthargie. Une main épaisse, avec un peu de cagne sur les articulations. Une main qui l’entraîna à la fois avec douceur et fermeté. Une main qu'elle avait déjà touché lorsqu'elle avait dû la soigner. Une main qui la conduisit hors de tout cela. Se remémorant les sons qu'elle avait entendu quelques instants plus tôt, elle se souvint alors d'un étudiant venu sonner l'alerte : des surveillants allaient venir calmer les ardeurs des fauteurs de trouble. Il leur avait conseillé la fuite, et c'est apparemment ce que ses jambes avaient machinalement fait. Elle ne s'en était pas rendue compte, mais elle filait à toute allure vers la sortie du réfectoire. Al-Wi devait être là, elle aussi, car elle sentait sa présence.
A ses yeux, leur course parut durer une longue journée, pourtant une minute s'était à peine écoulée. Saéba sentit une chaleur la quitter et porta son regard vers ses doigts qui frémirent à la fraîcheur de la nuit. Ronwe l'avait lâchée et s'était écarté de lui. Ils devaient être hors de danger. Il était temps qu'elle cesse de songer à sa si mauvaise prestation lors de la bataille. Les lunettes et les oreilles décollées refirent surface dans sa mémoire. Elle se jura de se venger si violemment, qu'il déciderait de quitter le campus de sa propre volonté.
Contrairement à ses camarades, la fée était exténuée. Son corps endolori pouvait à peine la porter. De temps à autre, elle sentait ses ailes frémir pour la stabiliser. Elle avait faim et n'avait pas dormi depuis longtemps. Au cours de la journée, ses compagnons avaient pu se reposer, elle leur avait même insufflé de l'énergie bienfaitrice. Elle se força à sourire de façon rassurante, puis expliqua :

« Je vais rejoindre ma chambre. A une prochaine fois... »

Agitant la main en guise de salut, elle coupa court à leur rencontre. Elle battit des ailes en direction des étages. Son vol était impeccable, cependant elle se déplaçait ainsi, car elle était vidée de toute volonté. La suite fut très obscure pour elle. Elle se souvint toutefois qu'elle avait ouvert la porte de sa chambre, avait glissé sur son lit sans prendre la peine de se dévêtir, puis avait jeté son oreiller avec rage dans un coin. Le reste était confus, sans doute avait-elle été happée par les bras de Morphée ?

Devant la lune, elle n'était plus la même. Surtout devant la pleine ou alors la nouvelle lune. Elle dansait, tourbillonnait. C'était toujours comme ça dans son ancienne famille. C'était la seule chose dont elle se souvenait. Avec le massacre bien évidemment. Elle oublia ses douleurs, ses peines et même sa timidité. Bien sûr, elle reviendrait très vite. Le paysage était vraiment magnifique. La lune, telle une déesse, éclairait tout les arbres et les fleurs par milliers, à l'exception d'une. Mais ce n'était pas une fleur. C'était son amie. Elle était resplendissante mais semblait avoir honte. Honte de quoi? L'ange ne le sut que plus tard. Le démon, lui, restait calme, il semblait reprendre son souffle. Elle alla vers lui, et lui demanda:

-Saéba à l'air d'avoir honte. Saurais-tu pourquoi?

C'était la première fois qu'elle l'approchait d'aussi près. Elle sentait sa respiration, son cœur qui battait et le froid qui s'infiltrait. C'est à ce moment là que Saéba dit d'une ferme:

-Je vais rejoindre ma chambre, à plus tard...

L'ange voulait la suivre mais elle se dit qu'elle allait dormir. Ou qui sais, allait-elle rejoindre un petit ami secret? Elle se rapprocha du démon et lui dit:

- Connais-tu un certain démon nommé Saprk? C'est lui qui m'a élevée. Mais je n'aimerais pas qu'il s'en prenne à quelqu'un d'autre que moi. Comme j'ai disparu, il me cherche sans doute.


Comment avait-elle pu se confier à un démon! Sans Saéba qui pourrait la protéger si le démon le prenait mal! Mais maintenant, il était trop tard pour partir. Elle se prendrait des coups mais tant pis. La tentation de savoir s'il le connaissait était trop forte. Et puis, peut être n'était-il pas comme les autres?

Depuis qu'il était sorti du réfectoire, Ronwe se sentait de plus en plus apaisé. Ici, tout était calme, il respirait lentement, savourait la brise sur sa peau. Il aimait l'obscurité. Autrefois, il en avait passé des soirées dans des bois obscurs, avec pour seule compagnie un feu dans lequel il se perdait en admirant les flammes. De temps en temps, on pouvait percevoir le bruit de petits charognards qui faisaient de parfaits petits encas sur une broche. Mais on pouvait tout aussi bien tomber sur des créatures bien moins chaleureuses. Un jour, Ronwe avait eu la malchance de tomber en face à face avec un tigre de trois mètres de haut. Ah oui... Ca avait été une merveilleuse rencontre, très mouvementée!
La voix de Al-wi le fit redescendre sur terre.

«Saéba a l'air d'avoir honte. Saurais-tu pourquoi?»

Après ces mots, le démon chercha la fée du regard. Il la vit agiter la main, puis se diriger en direction du bâtiment des dortoirs.

«Je vais rejoindre ma chambre. A une prochaine fois...» fit-elle en disparaissant dans le noir.

A la voir marcher, on pouvait voir qu'elle avait pris quelques coups et qu'elle devait être épuisée. Elle titubait et tentait de retrouver son équilibre en battant de ses ailes.
Ronwe se tourna vers Al-wi pour lui répondre:

«Non, je n'ai pas vu de honte, juste un bon gros manque de sommeil.»

Puis l'ange lui reposa une question:

«Connais-tu un certain démon nommé Saprk? C'est lui qui m'a élevée. Mais je n'aimerais pas qu'il s'en prenne à quelqu'un d'autre que moi. Comme j'ai disparu, il me cherche sans doute.»
«Saprak, Sparak, Saprk... Non, cela ne me dit rien du tout, et puisque tu le fuis, je pense que j'en suis bien content.»

Cela démangeait le démon de demander de plus amples explications. Beaucoup de questions lui virent à l'esprit. Mais il ne la connaissait pas assez pour l’interroger sur son passé, surtout que cela paraissait être un souvenir sensible. Alors il préféra s'abstenir de poster des questions.

Le jeune homme s'étira en grimaçant à cause de ses blessures. Une bonne nuit réparatrice serait déjà un plus pour son physique. Il avait vraiment besoin de repos.

"Je vais rentrer aussi. Il se fait tard. Je te laisse danser sous la lune, tu as l'air d'avoir encore de l'énergie à revendre. Fais gaffe à ne pas te blesser encore le bras. Tu as déjà un plâtre, petit loup garou blanc ! A une prochaine fois"

Il sourit à sa propre comparaison, puis se dirigea vers les dortoirs où il trouva la chambre 2 disponible. Il décréta que ce serait la sienne et ferma à double tour la pièce, avant de s'endormir.

[Puisque l'on est allés se coucher, je mets "terminé". ]