La bléssée [terminé]

Alors qu'elle s'était fait mal, elle su tout de suite que c'était grave.Elle alla donc à l'infirmerie ou elle n'était jamais allée auparavant. Une épreuve dure pour Al-Wi! Elle qui était si timide... Après que son plâtre fut posé sur son bras cassé, elle couru partir à la recherche d'un endroit ou personne ne va jamais. Mais assez vite, elle compris que cela ne se faisait pas. Et puis, elle portait sur elle un doute. Il n'y avait personne à l'infirmerie. Peut être aurait-elle pu y aller? Alors elle y alla. Et même que parait-il,elle attendit quelqu'un. Peut être une amie?

Pour un nouvel étudiant, les couloirs de cette académie se ressemblaient tous : des murs blafards avec des portes tous les dix mètres, des saletés laissées dans les coins et un silence omniprésent. Saéba arpentait justement l'une des ces allées, brisant le mutisme via ses pas légers. De toute évidence, elle s'était perdue. Cela faisait bien une heure qu'elle était là à marcher sans s'arrêter. Les sacs contenant ses affaires se faisaient de plus en plus lourds sur ses épaules endolories. Elle n'avait pas l'habitude de porter des charges, encore moins sur une longue durée. Sentant une vive douleur au niveau de ses bras, elle opta pour faire une pause. Elle n'avait rien de grave, elle n'était simplement pas habituée à des exercices physiques. Pinçant la zone qui lui faisait mal, la fée ferma les paupières. Elle n'avait rien vu dans les couloirs, personne ne saurait. Sans perdre un instant, elle envoya une vague d'énergie. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle se sentait à nouveau en forme. Finalement, savoir soigner avait du bon...

Après avoir récupéré son équipement, elle se lança de nouveau dans une marche interminable. Elle finit par intercepter un panneau indiquant l'infirmerie. Peut-être pourrait-elle demander son chemin ? D'un geste hésitant, elle toqua contre la porte. Aucun bruit. Elle tenta d'ouvrir, mais elle buta contre la poignée bloquée. La responsable devait s'être absentée et avait fermé le local. Redressant sa tignasse de feu d'un coup de tête, Saéba grommela. Ses ailes frémirent avec agacement : elle allait devoir reprendre son chemin. L'idée de devoir encore tourner en rond la fit taper du pied.

« Hum, je suppose que je n'ai pas le choix. » maugréa-t-elle en entortillant son index autour d'une de ses mèches.

Alors qu'elle se motivait pour découvrir les lieux, elle entendit un son. Ce dernier était si léger qu'il en était presque inaudible. Etait-ce quelqu'un qui arrivait ? La fée tendit l'oreille, se doutant qu'il ne s'agissait pas de l'infirmière qu'elle attendait. Cela ressemblait plus à un sanglot, ou à un souffle contenu. Sans l'once d'une hésitation, Saéba se dirigea vers la source du bruit. C'est alors qu'elle se trouva nez à nez avec une jeune fille dont la pâleur faillit la faire sursauter. La longue chevelure ébène de l'inconnue contrastait avec sa peau ou ses ailes blanches. Il ne lui fut pas difficile de déduire qu'elle se trouvait face à un ange... Un ange blessé, d'ailleurs.

« Bonjour. » fit-elle d'un ton enjoué.

Le bras plâtré de l'étrangère avait attiré l'attention de la pixie qui mourrait d'envie de dessiner dessus. Elle aurait fait n'importe quoi pour griffonner des petites choses sans intérêt, voire très moches. Etant assez taquine, cela l'aurait grandement amusée. De toute façon, elle ne le garderait pas longtemps ce plâtre, si elle la laissait la soigner... Mais elle ne comptait pas lui montrer son pouvoir. Comme les autres, elle se serait moquée et Saéba aurait dû se venger.

« Dis-moi, tu saurais où se trouvent les dortoirs ? »

Elle devait à tout prix détourner ses pensées du bras cassé qu'elle imaginait déjà couvert de graffitis. Peut-être la pensionnaire pouvait-elle lui donner quelques informations. D'ailleurs, que faisait-elle ici, toute seule, à attendre ? La fée resserra sa prise sur ses bagages et attendit une réponse.

Elle n'en croyait pas ses oreilles. Quelqu'un était entré! Peut être était-ce elle la personne qu'elle attendait? Mais comment répondre à une personne si amicale alors qu'elle n'est que trop timide? Comment? Elle se sentait tellement mal à l'aise qu'elle n'entendit pas la porte s'ouvrir... Elle réfléchit un moment et osa ouvrir sa bouche qu'elle referma aussitôt. Après tout, mieux vaut réfléchir avant de parler. Elle avait très envie de questionner cette étrange personne mais elle n'osa pas. Elle aurait même souhaité lui sauter au cou en lui demandant si elle accepterait de devenir son amie. Mais aucun son ne sortait de sa bouche! Mais il fallait pourtant répondre. Alors enfin elle se risqua à parler:
<< C'est à moi que vous parlez?>> demanda-t-elle d'une voix hésitante.
Elle se sentait ridicule. N'importe qui, même le plus idiot des idiots, aurait compris. Elle se sentait si bête! De plus, elle se demandait aussi comment une telle beauté pouvait s'interessé à quelqu'un comme... à quelqu'un comme elle.


Elle regarda alors devant elle, puis derière puis à sa gauche et enfin à sa droite. Elle ne savait pas ce qu'elle cherchait. Mais elle se comprit bien vite que la seule manière de ne pas paraître ridicule, plus qu'elle l'avait déjà fait, était de répondre. Elle regarda alors droit devant elle, planta ses yeux verts dans les yeux de cette étrange personne et dit:
<< Le dortoires est aussi dans "l'aile du divertissement". Il vous suffit de prendre l'escalier au bout du couloir et de le monter. Après il vous faudra aller au deuxième étage. Pouvez-vous me laisser maintenant?>>


C'est à cette phrase qu'elle se rendit compte à quel point rester ici à attendre quelqu'un avait été une erreur. Alors elle sortit, et bouscula quelqu'un. C'était un démon.

Rouge, rouge, tout était rouge...

Il s'était entraîné intensivement, comme tous les jours, afin de pouvoir augmenter sa puissance physique et surtout magique, qui par le plus grand regret de sa famille fut de foudre. C'était une chose nouvelle dans son clan, de ce fait Ronwe était considéré comme une arme très rare et redoutée des autres démons.
Et ce, que se soit de son clan, ou d'autres rivaux qui voulaient gouverner les enfers. Ronwe était le seul à pouvoir utiliser cet élément de l'électricité, car d'ordinaire, les démons ne pouvaient contrôler que le feu. Jaloux de ce pouvoir, de nombreux ennemis se sont dressés devant lui. Ils venaient toujours plus nombreux et plus forts.
Ronwe, rejeté par son clan du fait de sa différence, se sentait bien dépourvu. Il décida donc de remonter à la surface, dans le village de Lyrinas, où il avait entendu parler d'une école. Il pourrait se perfectionner et espérer revenir dans Xylia, le royaume des démons, pour enfin reprendre sa place de successeur au sein de son clan... Et cela, par la force.

Titubant dans les couloirs de l’académie, une main longeant le mur pour pouvoir tenir en équilibre, Ronwe ne tenait plus sur ses jambes : elles étaient si faibles à cause de nombreuses entailles profondes et de brûlures superficielles. Son crâne saignait abondamment, une arcade était ouverte et le sang ruisselait le long de ses yeux, lui obstruant la vue. Il sentait que d'autres parties de son corps étaient touchées, mais la douleur était si intense, que cela lui était égal. Il arpentait les couloirs à la recherche de quelque chose, quelqu'un qui pourrait lui permettre de se soigner.

En effet, à la suite de nombreux essais, il était enfin parvenu à améliorer un de ses sort, mais l'effet fut dévastateur. L'onde de choc fit ébranler la montagne à laquelle Ronwe s'exercait, puis des bouts entiers de montagnes lui sont tombés dessus. Grâce à sa dextérité et sa puissance physique, il était parvenu à s'échapper des blocs qui étaient tombés, mais des milliers de petits graviers l'avaient percuté, le rendant dans un état misérable.
Apres un bon quart d'heure d'errance à agoniser, il aperçu la porte de l'infirmerie. Il s'approcha d'elle, tendant la main pour ouvrir par la poignée. Celle ci s'ouvrit d'un coup sec et il aperçu une frêle silhouette qui vint la percuter dans son élan, ce qui le fit trébucher sur le dos . Avec ce qu'il lui restait de force, il tendit sa main droite vers la jeune personne.

« Aidez-moi... »

Etourdi par la chute et ses blessures, Ronwe perdit conscience.

Apparemment, l'inconnue était perturbée : elle paraissait perdue et perplexe d'avoir rencontré quelqu'un. Bien qu'elles soient seules dans l'infirmerie, elle avait demandé si c'était à elle qu'elle s'adressait. La fée ne put s'empêcher de sourire face à la maladresse du petit ange. Elle ne comprenait pas vraiment par quoi elle était affolée. On aurait dit une toute petite fille terrifiée par un loup immense. « Saéba le grand méchant loup », cela sonnait bien. L'idée provoqua un sourire en coin sur son visage féerique. D'habitude, c'était à elle de baisser la tête ainsi pour se faire oublier. Elle ne s'attendait pas à trouver une personne aussi timide.

« Oui, c'est bien à toi. » répondit-elle d'un murmure.

Elle ne pouvait s'empêcher de scruter la pensionnaire qui s'agitait dans tous les sens. Elle semblait chercher quelque chose. Saéba en déduisit que, tout comme elle, elle attendait l'infirmière. Son attention se fixa de nouveau sur le plâtre qui aurait pu lui susurrer « Dessine-moi dessus, vite ! Je veux des dauphins et des licornes par dizaine. ». Quelle horreur. Aussitôt les idées de graffitis revinrent et la pixie en oublia presque la détresse de l'étudiante.
Lorsque cette dernière se décida de parler de nouveau, la fée sentit son regard pénétrer le sien. Cette fois-ci, la demoiselle avait pris de l'assurance. Il était curieux qu'elle change si vite de comportement. La présence d'une inconnue l'avait peut-être déstabilisée quelques instants, mais à présent elle était très sûre d'elle. La rouquine écouta attentivement les informations qui lui avaient été léguées. Quelle idiote elle avait été ! Sans doute était-elle passée près des dortoirs sans s'en rendre compte. La frustration bouillit à travers ses veines, toutefois elle disparut aussi vite qu'elle arriva, lorsque la fée entendit la suite de la phrase. L'inconnue lui avait demandé de la laisser, comme si sa présence la dérangeait. Pourtant, il ne lui semblait pas avoir fait quelque chose de mal. Bien au contraire, elle s'était montrée calme et patiente. Certes, elle aurait pu être plus courtoise, néanmoins cela ne justifiait pas une telle réaction. Plutôt que de chercher à la retenir, elle la toisa... S'enfuir ! De mieux en mieux, le Grand Méchant Loup avait sa proie qui filait au loin.

« Super... » soupira-t-elle.

A cet instant, Saéba eut une idée : celle de poursuivre l'étrangère en imitant un fantôme. Une farce idiote, mais elle ne voyait pas vraiment comment se comporter autrement que par la taquinerie. Sans attendre, elle empoigna ses bagages et talonna la jeune fille. Cette dernière bouscula une troisième personne qui s'écroula sur le sol. La fée n'eut même pas le temps d'ouvrir les lèvres qu'elle se figea à la vue du sang. Sur les murs gris, une longue coulée rougeâtre conduisait tout droit au local. A leurs pieds, un démon agonisait. Son corps était perlé de blessures en tout genre et de brûlures, comme s'il avait été le survivant d'une guerre atroce. Battant des paupières, la pixie essayait de se convaincre qu'elle rêvait, ou qu'elle était proie à une illusion. Silencieusement, elle s'approcha du garçon. Son état était plus qu'inquiétant, il fallait que l'infirmière revienne au plus vite. Le contact avec un blessé ne l'effrayait pas, aussi, elle empoigna l'un des poignets meurtris.

« Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé, mais il ne s'est pas loupé... »

Puisque la soignante n'arrivait toujours pas, il fallait agir rapidement. Il n'était plus question de se demander si elle pouvait ou non montrer son pouvoir. L'idée de se retrouver pointée du doigt pour son talent la rebuta, toutefois elle n'avait pas le choix. L'inconnu était inconscient, il n'y aurait donc qu'un seul témoin. Saéba sentit un grondement retentir dans sa poitrine : un témoin de trop.

« Ecoute, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Soit tu vas chercher l'infirmière, soit tu restes ici et ne m'interromps pas. Si tu optes pour la dernière solution, je tiens à te prévenir : ce que tu vas voir, tu ne devras pas le répéter. »

Etre menaçante n'allait pas arranger les choses, néanmoins il fallait qu'elle fasse comprendre à l'ange que c'était important pour elle. Détachant son regard du joli chérubin, elle reprit son souffle. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être agressive, et encore moins de montrer sa magie. Sa prise se resserra au niveau de la main du mutilé.

« Désolée... » finit-elle par dire.

A ces mots, une puissante décharge curative parcourut le bras du pensionnaire. Une forte lueur vermeil illuminait les doigts de la pixie qui déversait le peu de pouvoir qu'elle avait appris à maîtriser. Il était évident qu'elle ne soignerait pas toutes les plaies, mais elle se concentrait sur celles qui étaient les plus importantes. Progressivement, la chair reboucha les blessures profondes, tandis que Saéba pâlissait à vue d'oeil. Elle n'avait que trop peu pratiqué, mais le peu qu'elle soignait était forcément un avantage. A la fois inquiète et concentrée par son travail, elle n'aspirait qu'à une chose : que cela se termine au plus vite.

« Écoute, je ne vais pas y aller par quatre chemins. Soit tu vas chercher l'infirmière, soit tu restes ici et ne m'interromps pas. Si tu optes pour la dernière solution, je tiens à te prévenir : ce que tu vas voir, tu ne devras pas le répéter. »
Elle n'en croyait pas ses oreilles. Elle se sentait déstabilisée par l’autorité de la fée.


Elle eut des idées lui disant qu'elle se pourrait être une sorcière ou bien un enfant du diable.


Mais bien vite, elle chassa ses pensées horribles, tout ça car la jeune fée avait réussi à soigner cet homme si gravement blessé... Jamais elle n'aurait pensé que cela était possible. Tout ce sang... Elle n'était plus la même. D'un coup, elle éclata en sanglots. Comment avait-elle pu être aussi odieuse avec cette fée qui semblait pourtant si gentille? Mais bien vite elle se repris. Sa colère était tellement grande que si elle n'avait pas été en présence d'un démon, être se santant toujours supérieur, elle aurait vite fait pris un couteau qu'elle se serait ensuite planté dans le cœur. Mais il ne fallait pas qu'elle se montre en moment de faiblesse face à un démon, même à moitié mort. Alors elle hocha la tête et murmura:
<< Promis, je ne répéterais rien. Dis moi, me pardonneras-tu un jour, moi qui ai été si odieuse?>>



Jamais elle n'aurait dû être aussi directe. Cela était... Comment dire? Elle n'eut pas le temps de rester dans ses pensée, car le démon se releva. Elle allait partir quand d'un coup... Plus rien. Le noir complet. S'était-elle évanouie?

Ronwe reprit connaissance. Tous ses muscles le brûlaient, sa chair le lacérait terriblement. Tout était.... Flou ! La lumière blafarde lui piqua les yeux fraîchement ouverts. Il laissa alors tomber sa tête vers la droite pour se couvrir, et perçu deux silhouettes. Ronwe se leva d'un geste brusque et très agile. En un battement de cils, il se trouva debout sur ses jambes toujours faibles. La tête lui tournait toujours, il tituba jusqu'à percuter un mur. Il se stabilisa en mettant son dos sur cette paroi.

Le démon balaya son corps du regard, car il sentait quelque chose couler. Ses plaies avaient dû se ré-ouvrir en se redressant. Il leva les yeux de son corps meurtri pour se focaliser sur les deux silhouettes. Il avait encore du mal a retrouver tous ses esprits, ce qui le fit plisser les yeux. Il vit alors un ange allongé par terre, ainsi qu'une fée à quelque pas. Il examina l'endroit : pas de trace de sang sous l'ange. Cela enlevait un possible combat entre ces deux personnes, dont les races sont leur opposé, et ce depuis les temps immémoriaux.

L'ange éclatait de pureté. Cette dernière était certainement renforcée par ce qui semblait être une aura blanchâtre. Il ne s'attarda pas trop sur l'ange et scruta la deuxième inconnue de ses yeux froids. C'était une jeune et pétillante fée, sûrement celle qui avait dû le soigner, car il ne voyait pas d'autre solution. Il n'inclina que très légèrement la tête en guise de remerciement. Elle lui avait probablement sauvé la vie. Mais il resta adossé contre le mur, dans l'incapacité de se mouvoir. Il se demanda ce qu'il avait bien pu se passer. Etant donné qu'il avait de l'expérience au combat et avait vécu des instants tragiques, il demeura impassible devant la silhouette sans connaissance. Il regarda la fée : qu'allait-elle bien pouvoir faire maintenant ?

Se concentrer devenait de plus en plus difficile. La fée sentait qu'elle avait du potentiel à revendre, toutefois la pratique lui manquait tellement ! Lorsqu'elle envoyait de l'énergie curative supplémentaire, elle sentait des perles de sueurs glissèrent le long de son front. Il ne fallait pas qu'elle flanche tout de suite : les plaies les plus profondes n'avaient pas fini de se refermer. L'état du démon était encore critique.
Tout à coup, elle entendit un bruit qui brisa sa concentration. La magie s'arrêta net et Saéba se tourna avec inquiétude. Le magnifique chérubin s'était mis à sangloter. Apparemment, elle n'avait pas su encaisser les événements. Entre le sang, la peur et les paroles qu'elle s'était prise en pleine figure, il était normal qu'elle craque. La pixie regrettait, néanmoins elle n'y pouvait rien. Alors, elle baissa la tête, repliant ses ailes et attendant en silence. Il fallait qu'elle concentre de nouveau son attention sur le blessé, mais les larmes de la fillette la peinaient. Cette dernière sembla se calmer au bout de quelques instants, puis finit par lui murmurer des propos qui faillirent déstabiliser la pixie. Elle s'excusait ? Pensait-elle vraiment que c'était de sa faute si elles en étaient là ?

« Non, écoute, tu... »

Elle se figea lorsqu'elle vit l'ange tanguer et commencer à tomber. Incapable de la retenir, elle assista avec horreur à la chute. Sans attendre, elle se jeta près du nouveau corps à terre. Cette fois-ci, elle était dans de beaux draps ! Avec deux personnes inconscientes à ses pieds, elle se sentait paniquée. Elle n'était pas médecin et elle était seule. Ignorant ses états d'âme, elle examina l'être pur qu'elle avait sous les yeux. Hormis une légère bosse et son plâtre, la pensionnaire ne s'était pas fait de mal.
Elle reporta son attention sur le second étudiant qui s'était relevé. Déjà ?! Sans doute était-ce pour cela que la demoiselle était tombée dans les pommes. Le choc émotionnel avait dû avoir raison d'elle. Saéba était très mécontente que le garçon se redresse. Il n'aurait pas dû, c'était trop dangereux, quel idiot. Elle le vit acquiescer de la tête, comme s'il avait compris quelque chose ou la remerciait. C'était ridicule, il fallait qu'il se rallonge... Sans un mot, elle attrapa la petite à côté d'elle pour la tirer vers l'intérieur de l'infirmerie. Après avoir donné un vif coup de pied dans la porte, elle souleva la blondinette qu'elle installa sur un lit. Elle revint une fois l'avoir bordée, puis fit mine d'aller vers ses propres bagages, sans accorder un seul regard au démon.

« Tout va bien, cela va s'arranger. » affirma-t-elle à la fois à l'étranger et à elle-même.

Poussant son sac, elle s'approcha de lui comme si elle allait lui donner quelque chose. En un instant, elle souleva son équipement et le fit tomber sur la tête de l'élève. On ne se doute jamais de tout ce qu'il y a dans les affaires d'une fille ! La masse était si lourde qu'elle eut vite faire d'assommer le pauvre jeune homme déjà mal en point. Saéba n'avait pas le choix : il ne se serait pas laissé déplacer et allait voir son secret. Elle appela à l'aide, mais personne ne vint. Elle se décida donc de déposer le corps dans un autre lit assez loin de celui du chérubin. Ils seraient dans la même pièce sans pour autant empiéter sur le territoire de l'autre. La fée déchira le haut du pensionnaire qui était de toute façon souillé. Ainsi, elle put mieux voir les blessures qui s'étaient ré-ouvertes. Les paumes posées dessus, elle laissa ses ondes bienfaitrices faire leur œuvre.

« Que se passe-t-il, ici ? »

Plus tard, lorsque l'infirmière arriva, elle trouva une jolie rouquine assise sagement sur une chaise, veillant sur deux étudiants endormis. Bien sûr, elle se rua sur celui qui avait sali les draps, néanmoins, elle passa autant de temps avec la petite ange. On désinfecta et banda les plaies du premier, puis on nettoya soigneusement la seconde. La pixie expliqua qu'ils s'étaient évanouis, qu'elle les avait allongés en attendant quelqu'un, mais n'en dit pas davantage. Après tout, elle était nouvelle, elle ne les connaissait pas. Contre toute attente, la soignante crut la rousse, sans se douter qu'elle avait eu recours à sa magie. Parfait.
Les minutes passèrent, peut-être même une bonne heure. La responsable de l'infirmerie s'occupait de divers documents et venait régulièrement s'occuper des adolescents toujours assoupis. Elle écoutait d'une oreille les bruits venant du couloir : Saéba s'était proposée pour nettoyer les couloirs devant le local. Elle l'entendait frotter les murs ou passer la serpillière. Heureusement, qu'elle ne se doutait pas des pouvoirs de la rouquine. Celle-ci s'appliquait dans son travail pour se calmer. Elle essayait de se remettre les idées en place, afin de ne pas céder à l'émotion. Cela fonctionnait plutôt bien, elle en oubliait presque que tout ce liquide avait un jour appartenu à quelqu'un. Quand elle aurait fini, elle s'en irait sans dire un mot. Cela ne devrait plus tarder, elle avait quasiment terminé. L'ange et le démon allaient bien, c'était le principal.

Quand elle se réveilla, elle se sentait bien. Elle avait l'impression d'être allongée dans un nuage. Le lit était si moelleux... Puis, elle s'assit dans le lit avec difficulté. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre qu'elle était à l'infirmerie. A côté d'elle, des étagères blanches sur lesquelles était représentées des croix rouges, d'autres lits dont un occupé. Il y avait aussi l'infirmière qui quand elle remarqua que le petit ange était réveillé, se leva et dit de sa voix puissante:
- Ah! Enfin vous êtes réveillée! Vous avez eu de la chance vous savez? Vous auriez pu aggraver votre situation. Quelle idée de s'évanouir quand on a un bras cassé! rajouta-t-elle en riant.

Cette remarque ne plût pas à la jeune maîtresse du feu, qui se leva en criant:
- Un peu de respect! Je ne l'ai pas fait exprès figurez-vous! Comment osez-vous blaguer sur mon sort?! Je sais que je suis plus jeune mais un peu de retenue quand même!


Mais à peine eut-elle prononcé ces mots que la pièce commença à tanguer, puis à tourner. Alors elle se rallongea en espérant que la pièce arrêterait de tourner.


Mais bien vite elle se releva car elle sentait que quelque chose lui avait échapper. Mais qui donc était sur le lit d'en face? L'infirmière parla mais l'ange s'en fichait complètement. Cette silhouette... Alors qu'elle examinait attentivement le corps qui remuait dans ses draps blancs, la mémoire lui revînt. Elle était à l'académie! Elle était à l'académie et non pas chez elle en train de rêver!


Elle reconnut presque tout de suite le démon qui quelque minutes auparavant était dans les couloirs, à moitié mort. Elle poussa un cris, si violent que quelques médecins arrivèrent en courant.


-Non... Ce ne peux pas être le démon... Pas CE démon là! pensa-t-elle.


Il fallait qu'elle s'excuse. Mais comment? Comment trouverait-elle le courage d'approcher cet homme si... musclé? Si jamais elle disait quoi que se soit de travers, l'homme se mettrait dans une colère si terrible qu'il ne fera qu'une bouchée d'elle. Elle ne comprenait pas pourquoi les démons étaient comme ça. Elle les connaissait par cœur! Alors elle bredouilla quelques mots d'excuses à l'infirmière puis sorti pour découvrir...



- Mademoiselle! Mademoiselle! Je vous en prie, écoutez-moi! Je voudrais... Je voudrais m'excuser. Après tout, j'ai été odieuse avec vous qui êtes... Vous êtes d'une générosité que peu de gens ont le bonheur d'avoir. Je sais ce que vous allez faire. Vous allez vous moquer de moi en disant que je suis ridicule. Mais je voulais m'excuser. Maintenant, laissez moi disparaître de votre vie à jamais.




Elle alla pour dire la même chose au démon quand elle crut entendre une voix. Cette voix lui disait de se retourner. Alors, elle se retourna pour aller voir la réaction de la jeune et belle fée. Et là, à sa grande surprise elle se jeta dans les bras de l'inconnue en demandant si un jour elle pourrait lui pardonner.




( Promis, la prochaine fois je ferais des trucs avec Ronwe...)

L'eau savonneuse faisait des miracles : le sol, autrefois souillé, commençait à resplendir de propreté. Quelques zones étaient encore sales, toutefois le travail avançait correctement. La jolie rousse ne cessait de songer à ce qu'il s'était passé à ses deux nouvelles connaissances. Décidément, cette académie était très surprenante ! Elle n'aurait pas cru rencontrer de tels caractères, encore moins dans une école prônant la paix. Face à un quotidien lassant, un peu de mystère et d'étonnement ne faisaient jamais de mal.
Un bruit venant de la pièce voisine décrocha la fée de ses pensées : quelqu'un hurlait. Lequel des deux avait pu se mettre à crier ? Cela semblait être assez féminin. L'infirmière ou le chérubin ? Saéba se demanda s'il fallait qu'elle aille voir ce qu'il se passait. Baissant les yeux, elle fixa les bulles de la mousse éclater à l'air libre. Parfois, il valait mieux rester en retrait. Elle tendit tout de même l'oreille, au cas où l'on parlerait de sa magie... La personne recommença, provoquant cette fois la réaction des médecins qui étaient arrivés sans que la pixie s'en rende compte.
Elle tourna la tête pour apercevoir la superbe petite tête blonde devant elle. La pauvre semblait toute paniquée et la supplia de l'excuser. Il ne fallait pas qu'elle se mette dans un tel état pour ça. Du moment qu'elle gardait pour elle ce qu'elle avait vu, elle ne risquerait rien. A peine eut-elle parlé, que la fillette tourna des talons afin de retourner dans le local. La rouquine décida de l’interpeller.

« Hé, attends, ne pars pas comme ça ! »

La pensionnaire se retourna pour revenir se jeter contre elle. Instinctivement, l'étudiante entoura l'angelot de ses bras. On aurait dit une sœur cadette fragile et incertaine à cause de son âge. Une perle délicate qui affronte un monde qu'elle a du mal à gérer. La fée se permit effleurer la chevelure de l'inconnue. Il s'agissait là d'une façon de lui montrer qu'elle pouvait se calmer en sa présence, qu'elle ne craignait rien.

« Je te trouve bien difficile avec toi même, joli petit ange. Tu n'as pas à t'en vouloir, et surtout pas aussi durement. Nous avons toutes des deux paniqué, il y a simplement eu plus de peur que de mal. Le démon va mieux et tu n'as pas été blessée grièvement. »

D'un sourire amical, la jeune femme se détacha de sa camarade. D'une voix plus douce, elle reprit :

« Je ne compte pas me moquer de toi. D'ailleurs, je ne vois pas pourquoi je le ferais. Rassure-toi, je ne te veux aucun mal... Je tiens juste à ce que l'on ne parle pas de ce que je suis. Voilà pourquoi j'ai été si menaçante avec toi. Excuse-moi, c'est une chose importante pour moi. »

Elle s'appuya contre l'angle de la porte de l'infirmerie, scrutant le diablotin assoupi. Malgré ses maigres connaissances en soin, il allait rapidement se rétablir. De plus, l'infirmière s'était bien occupée des deux blessés. Saéba sentit ses ailes frétiller lorsqu'elle observa le corps du garçon. Cet idiot s'était relevé alors qu'il était mal en point. Il avait eu de la chance... Enfin, pas au niveau de sa tête ! Sans doute allait-il avoir un mal de chien à son réveil. S'il se souvenait de ce qu'il s'était passé, il était également fort probable qu'il lui en veuille. Du moment qu'il ne lui comptait pas se venger, cela lui était égal. Par contre, s'il allait lui rendre la pareille, elle se ferait un plaisir de répliquer de nouveau. La rousse se retourna vers l'ange avec un nouveau sourire.

« Si tu veux, je dois avoir des boissons dans mon sac. »

Empoignant ses affaires, elle farfouilla en grommelant contre le bazar qu'il y avait à l'intérieur. Elle en ressortit trois canettes aux fleurs venant de son royaume, puis en tendit une à la demoiselle. Boire un peu de sucre ne serait pas du luxe, en attendant le réveil du jeune homme.

Ronwe était réveillé depuis un petit moment déjà, mais il avait fait croire qu'il était toujours endormi. Ni il n'avait ouvert les yeux, ni montrait le moindre geste ; même sa respiration n'avait pas changé. Il écoutait les discutions entre l’infirmière, l'ange et la fée. Parallèlement, il essayait de ressentir leur mouvement, ce qu'elles faisaient. Il se remémorait ce qu'il s'était passé à son arrivée dans le couloir, son évanouissement, son réveil et, et …. Voilà, il se souvenait : la fée l'avait frappé avec son sac.
A cause d'elle, il avait une légère bosse à la tête, mais toutes ses autres blessures ne lui faisaient plus vraiment mal. L'infirmière avait bien travaillé, surtout ses calmants, se dit-il. Il y avait beaucoup d'agitation et Ronwe n'arrivait pas trop à comprendre ce qu'il se passait. Mais, au bout d'un moment, il entendit la voix de la fée près, très près, de lui...

«Si tu veux, je dois avoir des boissons dans mon sac.»

A l’écoute de cette phrase, il eut un léger sourire s’échapper de sa carcasse allongée. En la durée d'un éclair qui tombe sur Terre, Ronwe s'était levé, avait plongé sa main dans le sac ouvert devant lui, avait pris une boisson et l'avait reversée sur la chevelure flamboyante de sa propriétaire.
Après cela, il se plaça devant elle, gonflant son torse afin de lui montrer son imposante carrure. Il faisait le fier et il en était bien conscient. En même temps, c'était la faute de la pixie, elle l'avait cherché : elle l'avait assommé alors qu'il était incapable de se défendre. Le soigner ne l'autorisait pas à agir en lâche. De par sa taille et son regard orgueilleux, il espérait qu'elle s'excuse ou se tasse face à sa puissance.
Ensuite, il se retourna en faisant mine d'ignorer la fée. Elle l'avait frappé à la tête mais soigné auparavant, il ne savait donc que faire.... Puis il se tourna vers l'ange, il la regarda avec un air intrigué.

« Pourquoi étais tu évanouie ? »

Il avait plongé sa main dans le sac ouvert devant lui, avait pris une boisson et l'avait reversée sur la chevelure flamboyante de sa propriétaire.
Après cela, il se plaça devant elle, gonflant son torse afin de lui montrer son imposante carrure. Il faisait le fier et il en était bien conscient. En même temps, c'était la faute de la pixie, elle l'avait cherché : elle l'avait assommé alors qu'il était incapable de se défendre. Le soigner ne l'autorisait pas à agir en lâche. De par sa taille et son regard orgueilleux, il espérait qu'elle s'excuse ou se tasse face à sa puissance.
Ensuite, il se retourna en faisant mine d'ignorer la fée. Elle l'avait frappé à la tête mais soigné auparavant, il ne savait donc que faire.... Puis il se tourna vers l'ange, il la regarda avec un air intrigué.

« Pourquoi étais tu évanouie ? »





Elle était bien incapable de répondre à cette question. De plus, sa colère était tellement intense que ses ailes faillirent devenir noir. Ce qui, pour un ange, est extrêmement rare. Sa peau devenait rouge, ses longs cheveux noirs s'envolèrent, et les pointes rouges ressemblaient à du feu. Sa pupille, qui est, je vous le rappelle, verte, devint rouge. La magie du feu faisait effet. Elle s'approcha du garçon et finit par dire:


- Qui es-tu pour te sentir supérieur à cette fée qui t'as sauvé la vie?! Qui es-tu?! Réponds moi!




Au regard du jeune homme, elle se calma et compris qu'elle n'avait pas conscience de certains éléments. Mais en ayant vu le regard du jeune homme, elle s était automatiquement calmée.

<< C'est bizarre, je n'ai pas réussi à rejeter toute cette haine que j'ai pour lui... Pourquoi? Je ne comprends rien...>>


Alors elle décida de répondre à la question que l'homme lui avait posé.

-Je n'ai pas fais exprès de m'évanouir! Et je vous demanderais de vous excusez pour ce que vous avez fait à...



Elle se rendit compte qu'elle était devenue l'amie de quelqu'un dont elle ne connaissais même pas le nom. Puis, encore une fois, elle regarda autour d'elle, en demande d'aux secours.Mais la pixie ne semblait pas comprendre. De toute évidence, elle était choquée. Si ce n'ai pour dire outrée. Du moins c'est ce que la jeune ange pensait. Qu'en savait-elle d'abord?

Meurtre. Homicide volontaire sévèrement puni par la loi. Sur le moment, c'était précisément ce dont avait envie la fée. Bien qu'elle ne soit pas violente, elle se serait presque ruée sur lui pour abîmer son beau visage avec ses ongles. L'idée de donner un bon coup dans ses bijoux de famille lui traversa également l'esprit. Alors c'était comme ça, hein ? Il voulait jouer au plus malin avec elle. Très bien, si c'est ce qu'il avait choisi, elle le lui ferait regretter. Contrairement à ce que l'on pense, la vengeance est un plat qui se mange brûlant ; et elle comptait bien le lui faire payer. Qu'importe que cela conduise à un cercle vicieux, elle ne reculerait pas.
Silencieuse, le regard sur ses vêtements humides, Saéba essayait de se calmer. Le liquide sucré qui glissait le long de sa peau la fit frémir. Bon sang que c'était froid ! Le démon avait bien réussi son coup... D'ailleurs depuis combien de temps était-il réveillé ? Restait-il beaucoup de plaies ? A la fois intriguée et exaspérée, elle préféra ne rien répliquer. Elle se dirigea vers l'un des lits défaits, afin d'essuyer le jus de fruit avec l'un des draps. Hélas, le tissu étant déjà sale, les femmes de ménage ne verraient guère une tache de boisson...
Après l'avoir ridiculisée, le garçon l'avait ignoré tout du long. La pensionnaire s'en fichait totalement, elle le punirait tôt ou tard. Ce qu'il ferait n'ajouterait qu'un argument supplémentaire à son châtiment. Voilà pourquoi elle resta dans un mutisme inquiétant, préférant l'écoute et l'observation. Les deux jeunes gens semblaient s'agiter.

« Qui es-tu pour te sentir supérieur à cette fée qui t'a sauvé la vie ?! Qui es-tu ?! Réponds moi ! » avait demandé l'ange.

Bien que cet acte la toucha, elle savait qu'il était inutile qu'elle gâche sa salive à la défendre. Apparemment, la demoiselle parlait de capacité à rejeter la haine sur le diablotin. Etait-ce là son pouvoir ? Le chérubin pouvait-il jeter ses émotions sur ses adversaires ? Si c'était le cas, elle était exceptionnelle ! Rares étaient les personnes avec un talent si impressionnant. Aussitôt, Saéba fut proie à une grande admiration pour l'étudiante. Cette dernière avait tellement de chance...

« Ne t'inquiète pas, petit ange : je me fiche de sa reconnaissance ou de son pardon. »

Elle s'approcha de l'angelot avec un visage chaleureux. La fée avait encore du mal à saisir les humeurs changeantes de sa nouvelle camarade, toutefois elle se doutait qu'elle apprendrait à la connaître davantage plus tard. Alors qu'elle songeait à la façon dont elle allait se présenter, elle se rendit compte qu'elle n'avait qu'une idée en tête : trouver une merveilleuse vengeance pour son nouvel « ami ». Elle lui dirait tout plus tard.

« Je suis désolée, je dois partir. Tu me trouveras aisément dans les dortoirs... », alors, elle murmura en farfouillant son sac tout en marchant, « Sauf si je ne survis pas à ça... »

Sitôt la main dans ses affaires qu'elle s'approcha du jeune homme avec un sourire radieux. Elle tendit la main, puis lui souffla une espèce de poussière dorée en pleine figure. A cette distance, elle était si près qu'il ne pouvait pas esquiver. Ses lèvres s'étirèrent davantage et elle déclara :

« Ce n'est qu'un aperçu de ce qui t'attendra pour avoir osé me faire affront... »

Sans attendre, elle fila comme une flèche vers les escaliers, dont elle grimpa les marches trois par trois. Elle n'était peut-être pas forte, mais sa légèreté lui permettait d'aller vite. Elle laissa sa victime qui n'allait pas tarder à découvrir que cette poudre féerique agissait comme du poil à gratter (outil indispensable chez une fée taquine) ! Saéba regrettait d'avoir coupé court à la conversation, mais il valait mieux qu'elle file avant de s'énerver... Ou de se faire brutaliser par ce nouveau rival.



[Je ne sais pas si Saéba s'en va vraiment ou si elle va se cacher pas loin. Je verrai en fonction de l'avancée du RP. ^^]

Ronwe entendit la voix du petite ange qui était remplie d'une certaine rage :

« Qui es-tu pour te sentir supérieur à cette fée qui t'a sauvé la vie ?! Qui es-tu ?! Réponds moi ! »


Il fut grandement surpris de cette réaction. Il avait toujours entendu dire que, selon les légendes, les anges étaient des êtres du Bien et de la pureté. Or, ce n'était pas le cas du chérubin. Il pensa donc qu'elle devait toujours avoir des souvenirs des anciennes guerres. Celles-ci furent si dévastatrices entre leur deux monde, qu'elles avaient engendré de la haine envers sa race. C'était donc sans doute pour cela qu'elle réagissait comme ça.
Ronwe avait voulu répondre singulièrement à l'ange. Comment avait-elle osé lui parler sur ce ton, à Lui, un prince des Xylia. Quel toupet ! Non seulement, elle ne lui répondait même pas, mais en plus, elle lui sommait de répondre immédiatement à sa question ! Plus il y pensait, plus il devenait fou de colère. Cela eut pour effet le bouillonnement de son pouvoir : on commençait à entendre des crépitements d’étincelles. Progressivement, ses poils se dressèrent tout droit sur son corps, comme s'ils avaient été relevés par un courant électrique.
Puis la fille s'adressa de nouveau à lui.

« Je n'ai pas fais exprès de m'évanouir ! Et je vous demanderais de vous excuser pour ce que vous avez fait à... »

Puis la fée s'adressa à l'ange :

« Ne t'inquiète pas, petit ange : je me fiche de sa reconnaissance ou de son pardon. »

Ensuite, Ronwe vit la fée mettre sa main dans son sac. Par vengeance, il pensa qu'elle allait lui faire la même chose en lui renversant une canette dessus, il eut donc un léger pas de recul.
Puis, elle reprit la parole tout en se dirigeant vers la porte, ce qui affola encore plus le démon :

«Je suis désolée, je dois partir. Tu me trouveras aisément dans les dortoirs... », alors, elle murmura en farfouillant son sac tout en marchant, « Sauf si je ne survis pas à ça... »

Soudain Ronwe se retrouva dans un nuage de poudre dorée.

« Ce n'est qu'un aperçu de ce qui t'attendra pour avoir osé me faire affront... »

Et là, la jeune femme se carapata à toute allure de la pièce. Ronwe ne comprit pas la scène et commençait même à être légèrement perdu. Depuis le commencement avec ses deux pertes de conscience, il n'avait envie que de d'une seule chose : enfin pouvoir se reposer tranquillement ! Tout à coup, il ressentit une vive… Sensation... ? Non, plus que ça, une obligation de se gratter, comme si des milliers d'abeilles l'avaient piqué. La poudre de cette …. Il n’eut pas eu le temps de trouver une appellation pour désigner ce qu'il ressentait à ce moment pour la fée. La démangeaison le rendait fou, il fut que très rarement à ce point en colère. Elle avait bien fait de fuir très très vite, pensa-t-il, sinon qui sait ce qu'il aurait pu faire ! Il ne tenait plus, c'était horrible. Alors il regarda l'ange sans répondre à ses précédentes questions, qui pour ainsi dire, avaient totalement disparu de son esprit avec toutes ces démangeaisons ! Il s'adressa à l'ange
 :

« Tu devrais aller retrouver ta …. Copine... »

Puis il partit aussi vite qu'un éclair à chercher de l'eau pour se nettoyer, ou même, se disait-il, un d'arbre pour se gratter dessus comme le ferait un chien.

- Tu devrais aller retrouver ta... Copine.
Elle n'eut pas de réponse immédiate. La seule chose qu'elle éprouvais pour ce démon était de la haine. C'était de sa faute tout ça! Elle attendit qu'il parte et alla dans les dortoirs. Elle espérait trouver la fée et même, elle aurait aimé être dans la même chambre. Seulement... Elle avait elle même demandé à être seule dans sa chambre. Elle alla dans toute les chambres possibles mais ce fut dans la dernière qu'elle trouva son "amie".



-Comment t'appelles-tu? finit-elle par demander au bout d'un long moment. Et comment peux-tu garder ton calme? Il t'a renversé quelque chose dessus! En plus, cette bouteille de jus... elle t'appartenais!

Elle n'osa pas en dire d'avantage de peur que la fée le prenne mal. Puis enfin elle rouvrit la bouche pour prononcer ces mots:

-Es-tu une... amie? Est-ce que nous sommes amies? Le démon dit que oui, mais je n'en ai jamais eu auparavant.Et tu as loupé quelque chose! Le démon était vraiment enragé! Tu as bien fait de partir vite!


Elle lui raconta la scène à laquelle elle avait assisté. Chaque fois qu'elle ouvrait la bouche c'était pour émettre un rire petit et discret. En réalité elle se sentait bien avec cette fée. Elle n'eut pas le temps d'écouter les réponses de la pixie car elle s’endormit sur ses genoux. Elle avait elle même trouver la réponse à sa question.

Trouver les dortoirs ne fut pas si aisé, néanmoins en se souvenant des explications du chérubin, Saéba finit par y parvenir. Pour souffler un peu, elle s'arrêta dans un couloir rempli de portes numérotées. Elle ne savait pas s'il s'agissait des chambres avec un ou plusieurs lits. Aussi, elle laissa le hasard décider pour elle. Ses papiers d'inscription ne lui avaient pas attribué de dortoir, elle supposait donc qu'elle était libre d'occuper celui qu'elle désirait. Après avoir essayé d'ouvrir quelques pièces, la fée en conclut que certaines appartenaient déjà à d'autres étudiants. Ses nombreux essais pour découvrir un endroit où elle pourrait s'installer la conduisirent à une chambre duo. Les deux matelas étaient vides, rien était accroché aux murs et il n'y avait aucune trace d'affaires. Le lieu était relativement joli : du papier peint clair, une petite table basses pour chaque couche, une série de lampes colorées au plafond et des rideaux transparents. De toute évidence, on avait fait un effort pour permettre aux élèves de se sentir bien ici, avec ou sans décoration personnelle.
Souriante, la rouquine posa son sac dans un coin. Elle remarqua une salle de bain adjacente, avec un miroir mural au dessus d'un lavabo, un wc, ainsi qu'une douche. Quel bonheur, les douches et les toilettes n'étaient pas en commun ! L'académie n'avait pas lésiné sur le bien être de ses pensionnaires. La pixie en profita pour retirer son haut, puis se nettoyer. Sur sa peau, la boisson sucrée ne tarda pas à être de l'histoire ancienne. Elle fit légèrement tremper son débardeur et ses dessous, puis les posa sur une chaise que l'on avait laissé dans un coin. Sans attendre, elle remit une tenue correcte, et surtout pas humide ! Elle alla ouvrir la fenêtre pour que la brise sèche ses anciens habits.

Lorsque l'ange la retrouva, elle était appuyée à la fenêtre, scrutant la vue qui se donnait à elle. En réalité, elle ne faisait pas très attention à ce qu'elle avait sous les yeux. Perdue dans ses pensées, elle se demandait si elle reverrait la jolie blonde, ou si c'était le démon qui allait la retrouver. S'il la menaçait, fallait-il qu'elle en vienne aux mains ? Ce combat était perdu d'avance. Elle se sentit si inutile ! Heureusement, sa crainte s'évapora lorsqu'elle se retourna pour apercevoir sa camarade. Ses traits s'apaisèrent, elle se sentit même sourire. Après un instant de silence, on lui demanda qui elle était et comment elle avait fait pour garder son calme. Pourtant, cela avait été très difficile pour elle.

« Oh, tu sais, ce n'est qu'une bouteille. Il doit bien y en avoir au centre commercial. » fit-elle d'un clin d'oeil.

Elle alla se poser sur son futur lit et invita l'angelot à s’asseoir à côté d'elle. C'était plus sympathique pour parler, plutôt que de rester chacun dans son coin.

« Je m'appelle Saéba, et toi ? »

Elle était sincèrement enchantée d'en savoir plus sur la jolie blonde. Cette dernière semblait adorable. Elles s'amuseraient comme des folles pendant les cours, c'était à ne pas en douter. La rousse rit lorsqu'elle entendit le récit. Elle aurait presque eu de la peine en le voyant s’époumoner en se grattant de partout. Il est vrai qu'elle y avait été fort, mais elle n'était pas du genre à se laisser faire. Pourvu qu'il ne la retrouve pas facilement...

« Hélas, il a intérêt à bien rincer : ça a du mal à partir ! »

Elle sentit son interlocutrice se fatiguer au fur et à mesure, si bien que celle-ci s'endormit la tête sur ses genoux. La fée la dévisagea avec étonnement, puis esquissa un sourire fraternel. Après toute cet aventure, elle devait être exténuée. Profitant du fait qu'elle dorme, Saéba envoya une douce aura curative sur le bras plâtre de Al'. Il lui restait assez d'énergie pour la soigner un peu. Sa camarade ne serait pas guérie, mais elle gagnerait de précieux jours de rétablissement. Demain, elle pourrait sans doute recommencer de sorte à ce qu'elle n'ait plus rien. Elle caressa la chevelure ébène qu'il y avait sur ses genoux. Alors, le silence s'installa dans la pièce. La pixie n'entendait que la brise et la respiration de sa copine qui dormait. Un peu de calme était agréable. Se détendant peu à peu, elle repartit vers ses pensées.

Ronwe était sorti de l'infirmerie à toute allure. Il continua sa course folle à travers les couloirs de l’Académie. Avec tout ce qui s'était passé, il n'avait pas eu le temps de bien se reposer et de récupérer pleinement ses forces ; voilà pourquoi il se fatiguait plus rapidement que d’habitude. De plus, toutes ces démangeaisons harcelaient son corps tout entier et son visage. A cause de la chaleur derrière les vitres des couloirs et de sa course effrénée, le démon transpirait à grosses gouttes. Les perles de sueur coulaient de son front, le long de son cou, pour descendre sur son dos et sa poitrine. Or, cela étalait de plus en plus cette maudite poudre...
Après ce qui lui parut une très longue séance de marathon, il aperçut un robinet. Ni une, ni deux, Ronwe commença à enlever sa légère armure, puis sa chemise blanche qui était à présent imbibée de la poudre. Arrivé à coté du robinet, il plongea entièrement la tête sous le filet d'eau glaciale. Comme il n'avait pas pris le temps de reprendre son souffle, il ne put que brièvement la laisser en-dessous. Alors il se releva, mit ses mains en forme d'écuelle afin de mettre le plus d'eau possible dedans, pour enfin pouvoir s'arroser le corps abondement. Il se sentait de plus en plus apaisé, mais il était tout rouge à force de se gratter... Il l'avait parfois même fait jusqu'au sang tellement cela le démangeait ! A force de se verser de l'eau dessus, une petite marre s'était créée autour du point d'eau, ruisselant le long du couloir. Les services de ménage allaient rouspéter, mais cela n’empêchait pas Ronwe de continuer : l'eau lui faisait tellement de bien !

Tout d'un coup, un bruit résonna. On aurait dit comme des volets qui claquaient contre un mur, suivis par des voix... Oui, des voix qu'il avait déjà entendu sortaient de cette fenêtre à présent ouverte. Il tendit l'oreille pour mieux écouter. Il reconnut la fée et l'ange qui se trouvaient en haut. Le garçon coupa le robinet, puis se tourna vers ses affaires qui étaient dans la marre d'eau. Elles étaient trempées et toujours pas nettoyées, donc de la poudre devait encore s'y trouver, alors il les laissa par terre.
Il sortit par la fenêtre du couloir qui était déjà ouverte, sans laquelle il n'aurait pu les entendre, puis il courut pour se trouver sous la fenêtre où devaient se trouver les deux étudiantes. Ronwe déplia ses ailes, puis sauta en s'envolant jusqu'à la fenêtre où il atterrit sur le rebord. Il baissa la tête, rentra par le cadre de la fenêtre, se dressa de toute sa hauteur et vit les deux jeunes femmes. L'ange avait posé sa tête sur les genoux de la fée. Il se figea devant elles, contractant tous ses muscles pour ne pas trembler de froid, car l'eau venant de ses cheveux trempés coulait encore sur son torse nu.
Il vit la chaise où la fée avait déposé ses habits. Il la prit, la posa à un bon mètre et demi devant les jeunes filles, puis avec sa chaussure, il poussa les vêtements de la chaise pour s'y asseoir. Il avait voulu agir, voire casser quelque chose pour effrayer la pixie, mais la vue du petit ange endormi le freina : son envie de se quereller était moins importante que son savoir vivre. Il n'allait pas déranger quelqu'un qui n'avait rien fait à cause de leur mésentente. Alors il profita de l’occasion pour s'adresser à la fée :

« Tu as du répondant, je me suis bien amusé... Même si sur le coup, ma colère m'a emporté. » fit-il avec un grand sourire.

Il alla poser sa main sur la tête de l'ange.

« Prends soin d'elle, elle a l'air d'avoir des petites rancoeurs enfouies. »

Et il se rassit sur sa chaise en attendant le réveil du chérubin.

Quand elle se réveilla pour la deuxième fois de la journée, il faisait presque nuit. Mais dans le noir, elle pu tout de même reconnaître la silhouette musclée du démon. La colère allait l'emporter quand d'un coup elle se rendit compte que le démon ne lui voulait pas de mal ni à elle ni à sa nouvelle amie. Alors elle demanda:

-Qui êtes vous vraiment? Et que me voulez-vous? Je ne comprends plus rien...


Le sommeil la rongeait encore, et elle se demandait si elle n'allait pas se rendormir. Mais finalement non. Elle regarda autour d'elle et vit que la chambre n'était pas si en bazar que ça... Pas comme la sienne. Les vêtements par terre appartenais à une femme. Il s'agissait sûrement de ceux de son amie. Mais comment expliquer que le démon était torse nu? La seule chose dont-elle avait envie, c'était de toucher ses muscles pour voir si ils était vrai, ou bien si ce n'était qu'un déguisement. Mais elle se retint. Après tout, que pourrait-il penser? Qu'elle l'aimait? Non! Loin de là! Seulement... Quand elle croisait son regard, elle ne pouvait plus s'en séparer. Elle le dévorait des yeux comme un chat ferait avec un banquet de poissons et de poulets rôtis. Elle failli rire à cette étrange comparaison mais elle finit par lâcher un petit rire discret. Elle espérait qu'il n'entende rien... Non, bien sur qu'elle ne l'aimait pas. Comment un ange aurait-il pu aimer un démon? Mais le démon... Que pensait-il d'elle? Elle n'en savait rien. Du tout.

Ronwe attendait patiemment le réveil de l'ange en compagnie de la fée. Il était perdu dans ses pensées où tout et rien à la fois lui venait. C'était à n'y rien comprendre. C'était sûrment le manque de sommeil. A voir l'ange dormir en face de lui, il se dit qu'il n'aurait pas dit non à s'allonger paisiblement et à fermer les yeux jusqu'au lever du soleil. Il sentait ses paupières lourdes et ses yeux se fermer. De temps en temps, il avait des petites pertes d'équilibre. Mais le froid commençait à nettement se faire ressentir sur son corps encore humide. Dans un sens, cela lui permettait en même temps de rester éveillé. Après un certain temps l'ange se leva, puis questionna Ronwe.

« Qui êtes-vous vraiment ? Et que me voulez-vous ? Je ne comprends plus rien... »

Il ne savait que répondre. « Je suis une machine de guerre venue me perfectionner pour conquérir la place du trône de son clan. » Non, il ne pouvait pas dire la vérité. Mais en même temps, il avait devant lui deux potentiels partenaires d'entraînement. De plus, la fée pouvait l'aider à régénérer son corps. Il pourrait donc accroître ses efforts et donc intensifier l'augmentation de sa musculature. Néanmoins cette idée partait loin, il trouvait qu'il ne les connaissait encore guère pour leur proposer ceci ; de plus, les plaies de son corps étaient toujours là à cause de l'explosion de sa nouvelle technique. Alors Ronwe se leva pour trouver une réponse qui pourrait convenir.
Il s'approcha de la fenêtre afin de respirer l'air frais et admirer le paysage. Toutefois, il vit que la journée était devenue bien sombre, que la nuit et l'obscurité gagnaient le pas. Puis il y eut un grondement. Cela venait du ventre de Ronwe. Il se tourna vers les deux jeunes filles dans l'espoir qu'elles ne l'aient pas entendu. Ce serait une honte pour lui que de laisser paraître une faiblesse. Mais c'est vrai que son dernier repas remontait au lendemain, et qu'à cette heure, il mangerait un porc entier ! Alors il se retourna vers l'ange pour lui répondre.

« Je suis Ronwe Uphir, un simple démon qui a fait deux connaissances et qui se dit qu'il vaudrait mieux continuer cette conversation autour d'un bon repas. Non ? »

Puis il regarda les deux êtres en attendant une réponse qu'il espérait brève, car le froid et la faim le mordaient de plus en plus.

Dans la chambre silencieuse, l'ambiance était paisible. Le chérubin dormait toujours lorsque le démon était arrivé. Il avait surgi par la fenêtre ouverte, puis était rentré sans dire un mot. Saéba en avait fait de même. Bien qu'il l'ait trouvée et qu'il pousse ses affaires du pied, elle était restée de marbre. Si cet idiot comptait réveiller sa camarade, elle allait le lui faire payer. Toutefois, ce garçon semblait avoir des valeurs : il conversait avec elle en murmurant et n'avait pas bougé de la chaise qu'il avait emprunté. Comme quoi, il n'était pas si bête. La rousse sourit, puis le scruta avec sévérité. Son torse était couvert d'autant de blessures que de griffures. Il n'avait pas pris la peine de s'habiller ou de se faire de nouveaux pansements. Si ses plaies s'infectaient, il aurait bien l'air malin avec ses muscles endoloris. Elle avait envie de lui tendre l'une de ses serviettes de bain pour qu'il se sèche, mais son animosité à son égard ne l'autorisa pas à ce geste.
C'est en restant de marbre, l'un en face de l'autre, que la fée se détendit. Finalement, elle l'avait peut-être mal jugé. Tous deux semblaient avoir un caractère fort, si bien qu'ils étaient prêts à n'importe quoi pour répliquer. Certes, elle était d'un naturel calme, mais si elle n'appréciait pas la personne, elle était capable de tout. Les doigts ondulant sur les cheveux de l'ange, elle laissa le temps passer. Il était agréable d'avoir un compagnon aussi muet qu'elle. Bien souvent, elle l'observait avec insistance, afin de lui faire comprendre qu'elle n'avait pas oublié qu'elle lui devait une vengeance. Elle se doutait que lui aussi jaugeait ses regards en coin ou ses actes, mais cela lui était égal.

L'obscurité n'avait pas tardé à baigner dans la pièce ; la nuit arriverait d'ici une bonne demi-heure. Progressivement, les ombres dansèrent le long des murs. Lorsque l'angelot remua à son réveil, la pixie était toujours perdue dans ses songes. Sa camarade s'était adressée au jeune homme de façon plutôt paniquée, mais celui-ci avait réagi posément. Il paraissait aussi songeur qu'elle, comme si quelque chose le tracassait. Le léger gargouillis finit par lui donner une réponse : il avait faim.

« Et bien... » marmonna-t-elle en se redressant avec légèreté.

Maintenant que son amie n'avait plus la tête sur ses genoux, elle en profita pour s'étirer. Ses jambes étaient encore ramollies d'avoir eu une charge aussi longtemps, néanmoins quelques secondes suffirent pour qu'elles fonctionnent normalement.

« Pourquoi pas. Attendez-moi, je reviens. »

Elle fila hors de sa nouvelle chambre à toute vitesse. On entendit des bruits de portes, des « désolée », un silence, puis des bruis de pas rapides revenir. Saéba tenait dans ses mains un t-shirt masculin, ainsi qu'un pull en coton, d'à peu près la taille du démon. Elle avait dérangé quelques locataires, toutefois elle était tombée un jeune homme plutôt sympathique. Elle lui avait expliqué qu'elle ne connaissait pas grand monde et qu'elle avait besoin d'une tenue pour une de ses rares connaissances. L'inconnu l'avait dévisagée. Même elle n'était pas aussi belle que l'ange, la demoiselle avait du charme sans qu'elle s'en rende compte... A la grande surprise de la pensionnaire, il n'avait rien demandé en échange, il semblait surtout surpris qu'une fille qu'il ne connaissait pas vienne le déranger pour emprunter une de ses affaires. Mais que peut-on dire face à un regard implorant et un sourire chaleureux ?

« Tiens, le 'simple démon' ! » Déclara-t-elle en lançant les vêtements. « Tu devrais peut-être mettre ça, tu vas attraper froid et tu vas finir par choquer la jolie petite ange à force de rester torse nu. Il faudra juste que tu me le rendes demain, ça ne m'appartient pas. »

Se doutant que le diablotin serait tout de même méfiant, elle déclara tout de même :

« Je l'ai emprunté à la chambre 15, un elfe dénommé Ezio. Je n'ai rien mis dessus, sois sans crainte. »

Depuis l'après-midi, ses cheveux rebelles étaient encore plus fous que de coutume. On aurait dit qu'elle venait de faire les cent mètres sous le vent. Elle rajusta l'une de ses mèches derrière ses oreilles, puis alla fermer la fenêtre. Durant la matinée, avant d'arriver à l'infirmerie, elle avait croisé un panneau indiquant le réfectoire. Il ne serait donc pas difficile de trouver ce lieu. Elle adressa un clin d'oeil à sa copine, puis un hochement de tête au démon. D'une marche vive, elle se dirigea vers la cantine.

Et bien... » marmonna-t-elle en se redressant avec légèreté.« Pourquoi pas. Attendez-moi, je reviens. »
Elle fila hors de sa nouvelle chambre à toute vitesse. On entendit des bruits de portes, des « désolée », un silence, puis des bruis de pas rapides revenir. Saéba tenait dans ses mains un t-shirt masculin, ainsi qu'un pull en coton, d'à peu près la taille du démon.


« Tiens, le 'simple démon' ! » Déclara-t-elle en lançant les vêtements. « Tu devrais peut-être mettre ça, tu vas attraper froid et tu vas finir par choquer la jolie petite ange à force de rester torse nu. Il faudra juste que tu me le rendes demain, ça ne m'appartient pas. »

Se doutant que le diablotin serait tout de même méfiant, elle déclara tout de même :

« Je l'ai emprunté à la chambre 15, un elfe dénommé Ezio. Je n'ai rien mis dessus, sois sans crainte. »

La jeune ange était amusée par cette scène. Mais elle n'osa rien dire. Elle se rendit compte que son bras ne la faisait presque plus souffrir. Elle comprit pourquoi la comparaison était celle 'un chat qui regardait des poissons et des poulets, rôtis ou non: elle aussi avait faim!


-Connaissez-vous le chemin? Et pour le "nouvel arrivant" je me présente Al-Wi. Al-Wi Xélina. Je suis ange de feu. Mon père aussi. Je ne les connaît qu'a peine. Ils sont morts tous les deux, cela dit je m'en porte bien. Pardonne moi si je suis méfiante envers toi mais tu es un démon. Celui que je connais ne m'a pas apporté que du bien...


Elle se tourna vers la pixie et demanda:

-Pardonne moi, je me suis endormie sans avoir ta réponse. Comment t'appelles-tu?


En attendant la réponses de ces camarades, elle se regarda dans une glace pour découvrir qu'elle non plus n'était pas très présentable. Ses cheveux en bataille formait l'auréole qu'elle n'avait pas eu. Une auréole pour le moins étrange... Une auréole noire et rouge! Elle fit vite le geste le plus simple pour les remettre en bon état. Elle glissa sa main dans ses cheveux noirs. Elle se trouvait belle... Étrangement belle. Son bassin était "stylisé" par certaines mèches rebelles, avec une pointe de feu. Elle ne réalisa sa beauté qu'a ce moment là. Mon dieu qu'elle était belle! Elle se tourna vers la fenêtre pour qu'un rayon de lune vienne éclaircir son visage. Ses yeux verts se reflétaient dans la nuit.


Elle avait faim. Elle alla donc près de la sortie, ouvrit la porte et dit:

-Vous n'êtes pas ici depuis longtemps, vous ne devez sûrement pas connaître le terrain. Et si nous allions plutôt à la grande place?