En route pour s'acheter de nouveaux vêtements.

Elle était contente que Saéba lui dise oui maintenant. La sacoche qu'elle attrapa lui correspondait bien, du moins, au gout de Al-Wi. Elle partit en route de la sortie en oubliant que la pixie n'avait peut être pas envie d'y aller à pied. Mais c'était trop tard. Quelques minutes plus tard, elles étaient arrivées à destination. Un peu essoufflée, Al-Wi demanda pardon à Saéba de ne pas avoir demandé si elle voulait y aller autrement qu'en marchant. Elle rigola encore une fois puis se dirigea vers le premier magasin qui l'inspirait. Elle demanda:
-On commence par celui ci?

Elle crût voir un petit oui se glisser entre les lèvres de la fée. Elle n'en était pas sûre, mais elle entra quand même dans le magasin. Les vêtements était assez... Comment dire? Sérieux? Enfin, le mot échappait de la bouche de l'ange. Mais assez vite, alors qu'elle allait demander de partir, une chemise l'attira. Elle était blanche et verte amande. Un petit tailleur allait avec. Elle adressa un sourire à Saéba, si dirigea vers une cabine qui semblait libre. Elle ôta ses vêtement qui n'était d'ailleurs pas les siens, enfila la chemise et le tailleur mais pas de la même manière que d'habitude. La chemise étant beaucoup trop grande, elle fit une sorte de nœud en laissant le reste ouvert, cela bien sur, après avoir, remis le petit débardeur.Ses épaules étaient couvertes, la chemise pas froissée, le débardeur de parfaite couleurs pour aller avec le tailleur. Elle mis bien le col avant d'aller retourner voir Saéba. Elle remis ses cheveux en place avant de lui demander:

-Alors? C'est bien comme ça? Ou alors c'est... Déplacé?

Elle attendit la réponse avant de dire:

-On va autre part ou alors tu vois quelque chose qui te plaît?
La réponse était évidente. C'était plutôt "repartons!". Alors elle sortit après avoir payé bien sûr. Elle vit alors un autre magasin, qui correspondrait plus aux envies de Saéba. Du moins, c'est ce que pensait l'ange. En entrant, elle tomba amoureuse de plusieurs robes, jupes, pantalons, collants et chemisiers. Elle adressa un clin d'oeil complice à son amie. Elle lui demanda de s'approcher de la cabine, et après plusieurs minutes demanda à son amie quels vêtements étaient jolis et lesquels lui allaient bien.

-Et toi, quelque chose te plaît? Je n'en fait qu'a ma tête... Si ça te gêne, dis le moi!

Elle mourrait d'envie d'essayer un autre haut, mais se retint.

La chambre refermée, les clefs dans la sacoche, tout était prêt. Côte à côte, les pensionnaires sortirent de l'académie en papotant au sujet des cours. Le village n'était pas très loin, elles n'en eurent que pour une dizaine de minutes. Sous le temps ensoleillé, le chemin fut agréable. La fée rassura l'angelot qui craignait que le trajet à pied ai été épuisant. En effet, la rouquine se fichait de marcher, surtout avec un ciel aussi radieux et en aussi bonne compagnie. Une fois de plus, les rues étaient occupées, à croire que cet endroit ne devait être vide que la nuit. Une petite ruelle conduisit les élèves à un secteur marchand. Le weekend était profitable aux négoces, car la plupart étaient ouverts. Al-Wi opta pour un magasin dont la vitrine était attrayante. Prenant la pose dans un décor ''safari'', les mannequins abhorraient des vestons chics et des robes en mousseline noire, tandis que d'autres étaient plus colorés tout en restant élégants.

« On commence par celui-ci ? »

La pixie acquiesça à la proposition. Aussitôt, la première porte s'ouvrit brusquement et se referma en silence, comme si deux demoiselles pressées n'étaient jamais passées. L'une des caissières contempla les arrivants d'un air hautain. A cause du prix, rares étaient les jeunettes qui venaient dépenser leur argent ici. Elle savait donc qu'il fallait surtout accueillir les personnes plus âgées, les renseigner aimablement et leur proposer des tenues onéreuses. C'est pourquoi elle se contenta d'un léger « bonjour, mesdames » sans lever les yeux de ce qu'elle encaissait.
Hélas, les meilleurs vêtements étaient principalement en vitrine. Pour les hommes, on trouvait beaucoup de costumes en soie ou en coton renforcé. Quant aux dames, il y avait des promotions sur des tenues de soirées. Les tons principaux étaient foncés, ou au contraire blancs. A travers tous les rayons, il ne devait y avoir qu'une dizaine de costumes colorés. En outre, le chérubin ne trouvait pas de choix intéressants. Les étudiantes soulevaient quelques manches, tâtaient les tissus pour en connaître la matière et reposaient rapidement le peu qui sortait du lot. Même si n'importe quoi irait à l'être divin, il n'y avait rien à son goût. Cependant, elle finit par trouver une chemise blanche et vert amande, ainsi qu'un petit tailleur. Si elle évitait les bottes hautes et préférait des petites talons ou des bottines, cela serait joli. Elles se rendirent alors aux cabines d'essayage, d'où l'ange ressortit toute souriante.

« Ca te va bien. J'aime assez ton idée de nœud. Avec le tailleur, c'est sympa. »
« On va autre part, ou alors tu vois quelque chose qui te plaît ? »
« Non, poursuivons tes achats. On trouvera sans doute d'autres magasins avec plus de choix. »

C'est ce qu'elles firent une fois le porte-feuille allégé. La boutique suivante offrait plus de diversité et surtout, il y en avait pour tous les goûts. Le lieu proposait des tenues qui étaient plus jeunes et tendances. Les modèles, la musique et les posters revendiquaient le dynamisme, ainsi que l'originalité. Elle réunit des vêtements susceptibles d'être portés pour les cours, d'autres plus chics et quelques robes aux tons vermeils. Apparemment, le rouge était une couleur que l'angelot appréciait. Ce dernier avait essayé les trouvailles qu'elle avait trouvé dans son coin.

« J'adore ce pantalon noir, ça ira parfaitement avec ton achat dans l'autre magasin. »
« Et toi, quelque chose te plaît ? Je n'en fais qu'à ma tête... Si ça te gêne, dis le moi ! »
« Non, j'ai tout ce qu'il me faut, ne t'inquiète pas. Tiens, je t'ai ramené des trucs. »

Parmi les affaires, s'y trouvait justement le petit haut qu'Al voulait essayer. Les demoiselles avaient déniché les plus belles tenues, mais il y en aurait pour une bonne petite somme si elle prenait tout ça. Enfin, au moins l'étudiante serait tranquille pour un bon moment.

-Non, j'ai tout ce qu'il me faut, ne t'inquiète pas. Tiens, je t'ai ramené des trucs.
La pixie lui tendait de très beau vêtements, dont celui qui faisait très envie à AL-Wi.
-Cool! Oh! Comme ils sont beaux! Viens, je vais les essay...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle entendit une voix d'homme:

-Magnifiquo!! Trrrrrrrrrrès bon choaaaaaaax mesdomoiselllllllo! Je répéto, MA-GNI-FI-QUO!

La voix semblait italienne. L'angelot se tourna vers la voix et failli pouffer de rire tant l'homme était gros et petit.On aurait dit une pomme de pin.

-Pardonnez moi mais, qui êtes vous? demanda-t-elle intriguée.

-Je souis la plooooooos grandeuh crrrrrrrritique italienne qu'ai connnnnnnnnnue l'Italiiiiiiiiiie!

-Hum, permettez moi d'en douter. lâcha la fillette avec une telle sincérité que l'homme-de-pin se mit à renifler.

-Alooooors comme ça vous ne me croyez pas?

Une forêt de larmes se fit entendre.
-Vous me prenez pour un mentoor! Moooooa? La pluuuuus grandeuh crrrrrrritique Italienne? dit l'homme entre deux sanglots.

Mais bien vite, il fut coupé par une voix qui était jusqu'alors inconnue à la fillette:


-Léonardoooooo?! Léooooooo? Mon lardon, ou es-tu? Youhou!!! Lardoonnet, viens là!


L'homme-de-pin se mit à rougir. La ressemblance avec une tomate était... Parfaite!


Il breffouilla quelques mots tels que:
-Ze dois m'en aller "reniflement", désolé pour le "reniflement" dérangement!

Le petit homme parti en courant mais sa mère le rattrapa et le sera fort contre elle. Al-Wi partit dans un fou rire étonnant. Mais elle se reprit assez vite avant d'ajouter:

-Tiens tiens, regarde ce joli petit haut!
Elle montrait en effet à son amie un petit haut qui était à son goût, le plus moche qu'elle n'ai jamais vu.

Les vêtements passèrent des mains de la fée à celles de l'ange, qui était satisfaite des trouvailles. Cette dernière allait les essayer, lorsque soudainement, un inconnu s’immisça dans leur conversation. La façon qu'il avait de rouler les R, les mots qu'il employait ou sa gestuelle exagérée, faisaient de lui un italien... Enfin un gros beauf italien. Tout en lui caricaturait un vieux mafieux ou un fana de mode, et cela faisait peine à voir. A la façon d'un ballon de baudruche, sa bedaine se bombait à chaque fin de phrase. Son ventre faisait bien celui de trois femmes enceintes, tandis que son surplus de lard allait jusqu'à pendre sur ses bras. Tous ses membres semblaient peser lourd, car l'étranger courbait le dos. Puisque cet amas de graisse devait lui faire mal, son pas était engourdi et sa santé en pâtissait très certainement. En plus de ses formes ou de son visage bouffi, le pauvre homme avait pour défaut une taille ridicule, si bien que Saéba le dépassait d'au moins deux têtes.
Le Petit Michelin, ou La Pomme de Pin, appréciait le choix vestimentaire d'Al-Wi, qu'il ne manqua pas de qualifier de magnifique. Malgré son physique ingrat, la pixie était d'accord avec lui : le chérubin était superbe. Un rien la rendait belle et ce qu'elle était en train d'essayer lui allait comme un gant. En silence, l'étudiante écouta la conversation et apprit que -d'après ses dires- l'italien était un critique de mode. Il était difficile d'imaginer cet amas de viande grasse effectuer un tel métier ; par ailleurs, elle l'aurait plutôt vu comme cuisinier. Les apparences jouaient tellement dans ce monde, qu'il était aisé de coller des étiquettes. En outre, l'inconnu perdit toute crédibilité lorsqu'il se mit à renifler, puis à fondre en larmes. Le ''sumo'' devint alors un ''cachalot'' pleurant à flots.

« Léonardoooooo ?! Léooooooo ? Mon lardon, ou es-tu ? Youhou !!! Lardoonnet, viens là ! » héla une femme.

A cet instant, l'Homme-de-Pin rougit telle une tomate. Ses joues gonflées s'empourprèrent comme si elles allaient exploser, si bien qu'il baissa la tête. C'était pitoyable. Etait-ce sa femme ou sa mère qui l'avait appelé ainsi ? Dans tous les cas, elle n'était pas loin du compte lorsqu'elle l'avait nommé ''Lardonnet''. La honte se lisait sur les traits et l'affaissement des épaules de ce pauvre homme qui paniqua. Après s'être excusé, il se rua loin des deux élèves, mais fut intercepté par sa matrone qui l'enlaça. Le phénomène et sa génitrice partirent en emportant quelques vestons et des chemises aux couleurs peu communes. Les yeux de Saéba brillèrent d'amusement et sa bouche se tordit sous les sourires. A son tour, l'ange rit en voyant la scène.

« Tiens, tiens, regarde ce joli petit haut ! » finit-elle par déclarer en tendant un haut immonde.

Le vêtement était à dominance verte et était très serré. En plus du vert anis, une bande jaune traversait le torse et allait jusqu'aux épaules, tandis qu'une seconde barre rose bonbon ajoutait une couleur supplémentaire. Les trois tons n'étaient absolument pas harmonieux. Par ailleurs, on distinguait un logo étrange représentant une mouche prélassée dans une tasse de café. Le summum de ce t-shirt résidait dans son côté moulant et son tissu en lycra.

« Il est... Sensationnel. » commenta la pensionnaire en imitant le Penseur de Rodin. « Je suis certaine que notre nouvel ami aurait essayé de bannir une telle tenue. »

A défaut d'être beau, l'italien avait du goût, il n'aurait pu que pâlir face à une telle ignominie. Cela donna une idée à la rouquine qui donna un défi à sa camarade : celui de s'habiller le plus horriblement possible avec ce qu'il y avait dans le magasin. Sans attendre, elle traversa les rayons pour dénicher les Perles de l'Horreur. Elle repéra une paire de leggins à paillettes dorées, des talons roses, ainsi qu'une casquette violette et blanche. Une fois dans la cabine, elle ajouta à sa ''tenue'' une jupe à froufrous orange qui lui arrivait à la moitié des cuisses. En plus d'être trop colorée, la jupette s'accordait très mal avec le petit pull rouge à carreaux noirs que la rousse avait enfilé. Cet ensemble aussi laid que provoquant crevait littéralement les yeux. Une fois satisfaite de son ''horreur vestimentaire'', elle appela sa camarade. Lorsqu'elle l'aperçut émerger du rideau, elle ne put s'empêcher de glousser comme une gamine.

Saéba avait comme Al-Wi, explosé de rire avec le "lardon". Al-Wi se sentait un peu ridicule de ne pas avoir remarqué que c'était un enfant! Mais elle retrouva sa bonne humeur et montra à son amie un haut comme qui dirait atroce. Mais quand celle ci lui proposa de s'habiller de la façon la plus horrible possible, Al-Wi poussa un petit cri d'étonnement. Elle partit, elle aussi, à toute vitesse pour essayer de trouver des choses horribles, plus que le haut de la mouche. Elle trouva se qu'elle recherchait. Elle en trouvait tellement que pour tout mettre, cela allait se révéler difficile. En entrant dans la cabine, elle ne prit que ce qui était "essentiel". Elle prit les bottes roses, oranges, bleues et vertes et les enfila par dessus deux pantalons superposé. Si elle n'était pas moche, elle gagnerait au moins le concours du plus ridicule.En effet, le pantalon du dessous était rose bonbon alors que celui du dessus (plus court) était vert caca d'oie. Pour ce qui est du haut, elle enfila un T-shirt de même collection que celui trouvé quelques minutes plus tôt. Cette fois, la mouche n'était pas dans du café, mais belle et bien sur la statue de la liberté, avec un casque sur les oreilles et une casquette à l'envers. Au dessus, il y avait écrit: "Rap, rap rap yo yo mec!" Pas dessus, elle mit une chemise qui n'allait pas du tout avec le haut masculin noir foncé. Elle mit un gilet orange vert et blanc.

Mais quand Saéba arriva, l'angelot pâli. En effet, la pixie était tellement moche dans ses vêtements que beaucoup auraient vomi.Les vêtements qu'elle portait n'allaient pas du tout ensemble. Le visage de son amie était vêtu d'un grand sourire et gloussa. Al-Wi se sentait plus que ridicule tant les gens aux alentours riaient. Mais elle ravala sa honte, et rigola avec eux. Son amie était toujours aussi belle, s'était ses vêtements et cela plaisait à l'ange.


-Tes vêtements de Saéba sont... horribles!!! Sincèrement, je crois que la mocheté c'est toi, et moi je suis la ridicule!

Et sur ce, les deux fillette rirent encore et encore.

-Si quelqu'un regrettait d'être venu, il ne le regrette plus maintenant! affirma Al-Wi. Presque tout le magasin était près d'elle deux.

L'ensemble de l'étudiante était plutôt hideux, car elle avait superposé diverses tenues aux couleurs peu communes. La palme d'or revenait à ce t-shirt mouche-racaille, ainsi qu'aux bottes arc-en-ciel. C'était à se demander comment on pouvait oser vendre ce genre de vêtements. Ravie que sa camarade rentre dans le délire, la fée applaudit. A ses yeux, elles étaient toutes les deux ridicules ! Il était difficile de donner une gagnante, car le duo était immonde. Face à tant de mauvais goût, elles gloussèrent en cœur. Leur rire attira les quelques clients à proximité, si bien qu'un petit groupe ne tarda pas à se former. Bien que les vendeuses n'étaient pas très contentes du raffut, elles ricanèrent aussi.

« Tes vêtements de Saéba sont... horribles !!! Sincèrement, je crois que la mocheté c'est toi, et moi, je suis la ridicule ! »
« Merci, mais je pense que cette fois-ci, nous avons un ex-aequo ! »
« Si quelqu'un regrettait d'être venu, il ne le regrette plus maintenant ! »
« C'est clair ! » confessa la pixie en essuyant une larme de joie.

Devant eux, la foule s'amusait autant qu'elles. Tout en gardant la main de l'ange dans la sienne, Saéba s'avança d'un pas vers les spectateurs attroupés et fit une révérence de façon théâtrale. La quasi totalité du magasin complimenta les deux ''top-model'' pendant quelques secondes, puis chacun repartit à ses occupations lorsque les responsables des rayons déclarèrent qu'il était temps d'arrêter. Le petit monde disparut aussi vite qu'il était arrivé, laissant alors les deux jeunes femmes en compagnie d'une commerçante. Cette dernière avait perdu son sens de l'humour et attendait les bras croisés. Afin de lui faire comprendre qu'elle avait saisi le message, la rouquine se tourna vers Al-Wi :

« Aller, on se rhabille, on remet tout ça à sa place et on va payer ce qui nous plaît. »

Ces propos détendirent la vendeuse qui s'éloigna en silence. De temps à autres, elle lançait tout de même quelques regards observateurs. Il ne fallait pas qu'elles recommencent. C'était drôle, toutefois le désordre ou la discorde étaient assez mal vus. Fort heureusement, les vendeuses avaient pris cette intervention plutôt bien et n'avaient pas sermonné les damoiselles. Elles auraient pu les forcer à partir, mais heureusement, la scénette avait attiré du monde... De ce fait, elles étaient occupées à conseiller ou rendre service aux nouveaux arrivants. Pendant ce temps, les pensionnaires étaient dans les cabines en train de se vêtir. Après avoir remis les habits sur leurs cintres, la rousse alla les reposer à leur place. Elle revint à la zone d'essayage pour attendre sa camarade. Une fois cette dernière sortie, elle lui adressa un clin d'oeil.

« Un de ces quatre, il faudra se faire un second round. Enfin, pas maintenant, je pense que nous sommes repérées pour toute la journée. »

Pas un seul instant, la honte n'avait empourpré ses joues. La fée n'allait pas être gênée pour si peu, surtout si les responsables du magasin n'avaient pas rechigné. Elle essayait de réfléchir à ce qui manquait au chérubin, néanmoins il lui semblait qu'elle avait tout ce qu'il lui fallait. Brièvement, elle toisa ce qu'il y avait devant elle : plusieurs hauts, des pulls, des jupes, des pantalons, voire même quelques jolies chaussures.

« Hum, peut-être te faudrait-il une écharpe ou des gants pour affronter le froid ? … Quoi que, avec ton pouvoir, je ne sais pas si tu en as besoin. »

Un sourire éclaira son visage et elle se dirigea vers les caisses. Grâce à l'efficacité de la caissière, il n'y avait pas beaucoup de queue. Une dame âgée, qui avait reconnu les élèves, leur adressa un salut amusé et s'en alla après avoir payé.

« Tu as tout ce qu'il te faut, ou bien tu veux aller dans d'autres boutiques ? » questionna Saéba.

En remarquant la grande quantité de sacs, elle se demanda s'il n'était pas préférable d'aller tout déposer à l'Académie. Ce serait plus simple si l'ange avait d'autres achats à effectuer. Par ailleurs, elle pourrait l'aider à ranger sa chambre et à nettoyer les tas de cendres qu'il devait avoir.

-Aller, on se rhabille, on remet tout ça à sa place et on va payer ce qui nous plaît.

Après avoir "obéi" aux conseils de Saéba, celle ci déclara:

-Un de ces quatre, il faudra se faire un second round. Enfin, pas maintenant, je pense que nous sommes repérées pour toute la journée. Hum, peut-être te faudrait-il une écharpe ou des gants pour affronter le froid ?Quoi que, avec ton pouvoir, je ne sais pas si tu en as besoin. Tu as tout ce qu'il te faut, ou bien tu veux aller dans d'autres boutiques ?

-Non non, merci mais là... J'ai des sous mais ils vont vite s'épuiser. Que dirais-tu d'aller manger une glace? Ou bien alors de se reposer dans les jardins? Ou bien peut être même les deux!! En tous cas, on s'est bien amusée!

Et sur ce, elle enfila son plus beau sourire. Quand elle furent sorties, les rues n'étaient plus aussi agitée. Quelques personnes venaient, ici et là, tandis que d'autres rentraient dans leurs véhicules. Les fillettes heurtèrent une petit fille qui se mit à pleurer en insultant les fillettes de "pov'connes", "espèces d'imbéciles", "vieilles biques", "espèces de gens pas comme nous!! Vous êtes d'une autre race, et on aime pas ça!!"...

Cette dernière ne fit qu'accentuer la colère d'Al-Wi.

*Mais pour qui se prend-elle? Et sa mère qui ne dit rien... Enfin, se serrait mieux qu'elle se taise! Si c'est pour approuver les paroles de sa fille...*

D'autres insultes sortirent de la bouche des impolies.

-Plutôt que de nous insulter, faîtes attention à vs paroles espèce de.. de.. de langue de vipère mal aimable à donner l'envie de se suicider!! C'est facile de critiquer, mais je suis prête à parier sur ma mère, et dieu sait que je l'aimais, que quand vous faîtes des erreurs, ou bien même des fautes, vous ne vous punissez jamais!! Les pourries gâtées comme votre fille ont le don de m'énerver madame! Alors surveillez la! Un peu de retenue!


Grâce à ce discourt, les "langues de vipères" cessèrent toutes insultes. La partie était gagnée.

« Que dirais-tu d'aller manger une glace ? Ou bien alors de se reposer dans les jardins ? Ou bien peut être même les deux !! En tous cas, on s'est bien amusées ! » déclara l'angelot avec son ravissant sourire.
« Oui, c'était très sympa et puis nous avons trouvé plein de jolies choses. Tes belles tenues rendront les autres élèves vertes de jalousie, sois-en sûre ! »

La fée réfléchit à ce qu'il lui restait dans sa besace : peut-être de quoi s'acheter une glace à une boule. Depuis le jour où elle avait dévalisé le magasin de farces et attrapes, pour ensuite consommer lors de son rendez-vous avec Ron, elle était vraiment à sec. Elle envisageait de plus en plus à s'investir dans sa recherche de job-étudiant. Tout en songeant à ce qu'il s'était passé lors de ses dernières sorties, elle ouvrit son petit sac pour vérifier ce qu'elle possédait. Comme elle l'avait deviné, il ne lui restait que de quoi prendre une simple glace. C'était suffisant et puis, elle ne serait pas sans le sous longtemps... Son anniversaire était passé, on allait lui verser de quoi tenir tôt ou tard.

« Vas pour les deux, cela me convient. »

Le précieux argent d'Al-Wi passa de sa poche aux mains avides de la caissière qui s'empressa de ranger les billets. La vendeuse, satisfaite de toute cette vente, déposa les vêtements dans des sachets. Pour fidéliser sa nouvelle cliente, elle offrit une petite paire de boucles d'oreilles pas chères. Lorsque les acheteurs dépensaient une certaine somme, les commerçantes devaient leur donner un petit présent. Le bijou était en forme de goutte argentée avec quelques traits noirs. Ce n'était pas luxueux, toutefois c'était toujours ça de pris.

« Nous vous remercions de vos achats, à bientôt ! » fit la caissière d'un ton presque robotique.
« Au revoir, bonne journée. »

Les deux pensionnaires quittèrent le centre commercial en papotant, quand soudain, une petite fille se mit à les injurier. Apparemment, les demoiselles avaient fait l'erreur de la bousculer sans s'en rendre compte. La rousse se serait bien excusée si elle n'avait pas entendu toutes ces obscénités sortir de la bouche de l'enfant. A vrai dire, cela ne l'étonnait pas le moins du monde, car avec Seltea, elle avait rencontré de vils joueurs de football. En plus d'être violents et tricheurs, ils les avaient honteusement insultées. Les bambins ne faisaient que répéter les mots de leurs parents et Saéba avait bien compris qu'il serait difficile de les raisonner. C'est pour cette raison que la rouquine se contenta de hocher la tête en continuant à avancer ; néanmoins, le chérubin sembla protester. Sa réaction n'était pas étonnante : un rien pouvait l'enrager et ce qu'elles avaient ouïe était dégradant. Cependant, la fée fut surprise que sa camarade ne change pas sa couleur d'ailes. De coutume, elle s'énervait si fort qu'une aura terrifiante aurait émané de son corps. Apparemment, elle n'avait pas atteint sa limite et ce n'était pas plus mal.
La pixie eut toutefois du mal à saisir pourquoi, d'après le discours, ces inconnues se puniraient pour des erreurs ou des fautes qu'elles étaient incapables de comprendre. Pour eux, certaines races étaient inférieures ou devaient être éradiquées... La jeune femme eut envie d'expliquer à son amie qu'il valait mieux laisser ces citoyennes dans leur bulle, puisqu'à l'heure actuelle, la paix existait toujours et ce, malgré l'animosité inter-race. Lorsque Al-Wi termina sa tirade, les étrangères en restèrent muettes. Sans doute ne s'attendaient-elles pas à un tel résultat.

« Comment osez-vous ? » cracha la mère.

En sentant la rancœur de la matrone, la rousse attrapa l'étudiante par le bras pour l'emmener loin de la scène.

« Viens Al, ça ne sert à rien de raisonner ce genre de personne. Leurs idées sont arrêtées, elles rejetteront tout point de vue contraire au leur. Tu perds ton temps et ta salive, ma belle. »

Un juron destiné à la rouquine se fit entendre derrière les deux jeunes femmes qui progressaient en direction des jardins. Comme elles ne réagissaient pas, l'adulte se mit à les suivre en les insultant de nouveau. La passante finirait bien par se lasser, elle n'allait pas les accompagner très loin. Par ailleurs, Saéba l'ignorait honteusement : elle n'en avait rien à faire de cette ''raciste''. Elle comptait s'amuser avec l'être divin, ce n'était donc pas une inconnue qui la dérangerait.

« Tiens, voilà le marchand de glaces. »

-Viens Al, ça ne sert à rien de raisonner ce genre de personne. Leurs idées sont arrêtées, elles rejetteront tout point de vue contraire au leur. Tu perds ton temps et ta salive, ma belle.

La fée l'empoigna et marcha, tranquillement, alors que la femme les insultait. Ici, personne n'aimait ni les anges, ni les démons! Mais la fée s'exclama:

-Tiens, voilà le marchand de glaces.

-Oui, que veux-tu prendre comme parfum? Je connais ce marchand comme si s'était ma mère!

Elle eu un petit pincement au cœur. Quelle idiote elle avait été! Cette phrase lui rappelait sa mère,les souvenirs qu'elle avait de Menela étaient... confus. Mais il en restait quelques uns. Pendant un long moment, elle resta silencieuse, les larmes aux yeux. Elle n'avait, que quelques souvenirs, quelques petites images floues... Mais cela lui suffisait pour pleurer. Personne ne l'avait compris jusque là. Tout le monde était passé à coté des sentiments qu'elle avait. Mais quand ce fut à leur tour, une vieille dame la poussa, et elle tomba, dans les bras d'un jeune homme. Elle s'excusa mille fois, peut être plus, et alla vers Saéba, lui adressa un petit sourire qui veut dire "désolé, j'ai eu tort et maintenant nous avons l'air ridicules". Elle commanda une glace au chocolat, une certaine "Inimitable". En effet, cette glace au chocolat recouverte de coulis chocolat lui aussi... Miam! Un vrai délice! Elle adressa un sourire à Saéba et commença une courte conversation, et prit congé du vendeur pour aller rejoindre son amie.

-Je ne sais pas si tu sais, mais une fille à failli être étranglée par son ennemi! Maintenant, elle est à l'hôpital... Tout de même! Ici, à l'académie! Mais je crois que la directrice va régler ça, et vite! En plus, elle n'avait presque rien fait!

Quelque chose attira son regard. Là bas, dans les buissons, une petite queue bougeait et on entendait des petits ronrons. Al-Wi, qui avait toujours aimé les chats, s'approcha en tendant l'oreille quand soudain, son visage s'illumina:

-Oh regarde! Des chatons! 3! Il y a 3 chatons abandonnés! Oh les pauvres!

Elle Pris dans son sac, une veste de velours, rouge bien entendu. Elle pris bien soin d'enlever toutes les petites étiquettes, tout ce qui pourrait faire mal à des chatons sans défense. Son cornet d'Inimitable tomba mais l'angelot s'en fichait complètement. Elle regarda le cornet avant d'ajouter:

-Oh zut! Ma glace!

Puis elle continua d'enlever tout danger pour chaton. Une fois le travail fini, elle s'avança droit vers le buisson, rampa sous la haie, en prenant bien soin de salir le moins possible les vêtements que Saéba lui avait prêté, puis, son "aventure" finie, déposa à côtés des pieds de la pixie, une veste avec 3 petits chatons blottis les uns contre les autres.

Al Wi était toujours autant lunatique. En effet, alors qu'elle était heureuse d'aller s'acheter une glace, son visage se referma. Elle baissa la tête en silence et sembla se remémorer divers souvenirs douloureux. Apparemment, c'était sa mère qui était en mémoire. L'angelot leur avait déjà parlé de ses parents défunts... Cela devait être le jour où elle avait rencontré la fée et le démon. Oui, c'était bien ça ! Elle s'était présentée, puis avait annoncé qu'elle était orpheline. Saéba soupira et comprit que même si sa famille la considérait comme un parasite inutile, au moins elle avait quelqu'un. Son amie n'avait pas cette chance. Que pouvait-il donc bien leur être arrivé ? Quoi qu'il en soit, cela l'avait évidemment marquée à vie.
Une femme âgée bouscula le chérubin qui atterrit dans les bras d'un jeune homme. Celui-ci était rapide, la pixie n'avait même pas eu le temps de bouger ! D'un signe de tête, elle remercia cet inconnu aux réflexes alertes. Al Wi revint près d'elle, toutefois ses cils étaient encore collés par les larmes. Ses yeux étaient également légèrement rougis. Mais elle n'en tint pas compte et enchaîna sur l'achat de sa glace. La rouquine avait du mal à suivre ce qu'il se passait, si bien qu'elle resta là avec les bras ballants. Elle se sentait idiote : elle aurait vraiment pu prendre sa camarade dans ses bras ! Qu'est ce qui l'avait retenue ?! Elle écouta l'angelot faire son choix, puis papoter avec le vendeur qu'elle semblait bien connaître.

« Je ne sais pas si tu sais, mais une fille a failli être étranglée par son ennemi ! » commença-t-elle.
« Hein ?! »
« Maintenant, elle est à l'hôpital... Tout de même ! Ici, à l'académie ! Mais je crois que la directrice va régler ça, et vite ! En plus, elle n'avait presque rien fait ! »
« Bon sang, qui a osé faire une chose pareille ? C'est... »

En voyant qu'on ne l'écoutait plus, la pensionnaire laissa sa phrase en suspens. Elle était sidérée par cette nouvelle. Cet endroit était pourtant réputé pour son calme et la paix ! Or, les agressions étaient de plus en plus nombreuses ! Elle-même avait assisté à plusieurs démonstrations de racisme... Elle ne comprenait pas que personne ne réagisse. Les autorités attendaient-elles qu'une fillette meure réellement avant de bouger ?

« Oh regarde ! Des chatons ! Trois ! Il y a trois chatons abandonnés ! Oh les pauvres ! »

Saéba observa l'endroit que sa douce amie désignait. Il y avait bien trois animaux abandonnés qui miaulaient en se recroquevillant les uns contre les autres. Les petites boules de poils tremblotaient au gré du vent. A chaque bourrasque, elles se collaient davantage aux autres. Al Wi fouilla dans son sac pour prendre une veste de velours qu'elle avait acheté. Elle enleva la moindre étiquette, puis alla sous la haie pour ramener les chatons. Ils avaient l'air si fragiles et si petits. La fée se posa diverses questions. Qui les avait mis là ? Etaient-ils sevrés ? Si on les touchait, leur mère allait-elle toujours les reconnaître ? Elle rapprocha son visage des trois choses touffues. Un miaulement plaintif se fit entendre. L'un des chatons n'appréciait pas les étrangers et semblait vouloir retourner dans sa cachette. Les deux autres s'en fichaient, voire ronronnaient. La mère avait dû côtoyer plusieurs mâles, car leur robe était toutes différentes : le petit brailleur était tigré, le plus maigre était tachetée, tandis que le dernier était bicolore.

« Ils sont mignons. Tu crois qu'ils sont sevrés ? Si c'est le cas, je pense que tu peux les garder. »

Elle aimait bien celui qui miaulait sans s'arrêter, car il était tout mignon et sa fourrure rayée semblait soyeuse. Malgré tout, elle n'osait pas les toucher. Elle leva les yeux vers l'ange afin de lui demander :

« Que vas-tu faire de ces bouts de chou ? »

-Ils sont mignons. Tu crois qu'ils sont sevrés ? Si c'est le cas, je pense que tu peux les garder.

-Je l'espère...

- Que vas-tu faire de ces bouts de chou ?

-Sûrement les garder. Si beaucoup n'ont pas trouvé de famille, j'aimerais qu'eux en ai une. Mais si tu veux en garder, n'hésite pas! Après tout, toi aussi tu les as trouvé. Mais sinon, je les mettrais dans un centre d'adoption. Est-ce que les animaux sont acceptés dans l'académie?


Les ronrons se faisaient entendre, et l'un des chatons miaulait sans arrêt. Al-Wi espérait qu'ils seraient acceptés, qu'ils auraient une famille qui prenne soin d'eux. Et si personnes ne voulaient de chatons, elle les garderai, rien que pour elle. Mais, Saéba aurait bien sûr le droit de les voir, ou même, d'en avoir un pour elle. Elle soupira, en pensant à sa famille, qu'elle ne reverrait jamais. Tout d'un coup, elle pensa au démon, celui de quand elle était petite. Des larmes apparurent sur son doux visage, mais elle les essuya d'un geste rapide. Il ne fallait pas gâcher sa journée avec Saéba.

-Il commence à faire sombre, on rentre? demanda-t-elle.

En réponse, elle obtint un miaulement.